ClimatLes huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées
Le programme européen sur le changement climatique Copernicus a rendu son rapport annuel, et il est alarmant.
Il n’a jamais fait aussi chaud dans le monde que ces huit dernières années. Les températures ont dépassé de plus d’un degré celles de l’ère préindustrielle, selon le rapport annuel du programme européen sur le changement climatique Copernicus (C3S) publié mardi. Au niveau mondial, 2022 se classe au cinquième rang, seulement battue par des années récentes. En dépit de l’influence refroidissante du phénomène climatique La Niña, l’année 2022 est «environ 1,2 °C» plus chaude que la période 1850-1900, avant que la révolution industrielle ne produise ses effets sur le climat, affirme le C3S.
En Europe, continent où le réchauffement observé est le plus rapide, 2022 se classe comme la «deuxième année la plus chaude». Mais les mois d’été constituent un nouveau record pour tout le continent, très largement battu en Grande-Bretagne et aggravé par un déficit de pluie exceptionnel en Espagne, France ou Portugal. Dans ces pays, ainsi qu’en Suisse, Croatie ou Bosnie-Herzégovine, l’année 2022 dans son ensemble constitue même un nouveau record absolu de chaleur, depuis le début du relevé des mesures.
«Conséquences dévastatrices»
Outre les températures, la planète a subi une avalanche d’événements extrêmes, rappelle le rapport: inondations historiques au Pakistan, canicules et méga feux de forêts en Europe de l’Ouest, canicules estivales aussi dans le centre et l’est de la Chine, inondations dévastatrices au Nigeria, sécheresse dans la Corne de l’Afrique, etc. En raison de La Niña, l’est de l’Australie a connu en revanche des températures relativement plus basses que la moyenne et de très fortes pluies.
Dans l’Antarctique, «l’étendue de la glace de la mer Antarctique a atteint un plancher record ou quasi record» après avoir atteint en février 2022 «le minimum jamais enregistré en 44 ans d’observations satellite». «2022 a été une nouvelle année de phénomènes climatiques extrêmes» qui «montrent que nous subissons déjà les conséquences dévastatrices du réchauffement de notre planète», a commenté Samantha Burgess, cheffe adjointe du C3S.
«Chaos climatique»
Le rapport confirme les prévisions de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), publiées en novembre et qualifiés alors de «chronique du chaos climatique» par le chef de l’ONU Antonio Guterres. La température moyenne mondiale sur la décennie 2013-2022 est estimée à 1,14 °C au-dessus de celle de l’ère préindustrielle.
L’accord de Paris, conclu en 2015 sous l’égide de l’ONU, vise à limiter le réchauffement bien en dessous de 2 °C, si possible 1,5 °C. Pour y parvenir, les pays du globe doivent tenir leurs objectifs de réduction des gaz à effets de serre. Or en 2022, les concentrations de dioxyde de carbone (CO2) relevées dans l’atmosphère ont atteint un nouveau record de «417 partie par million (ppm)» avec une augmentation annuelle «d’environ 2,1 ppm, soit un taux similaire à celui des dernières années», note le programme européen.