HumeurLe psychodrame du manque de neige
Ces fêtes de fin d’année furent printanières. Ce n’est que dimanche que la neige est finalement tombée. Ironie du sort, le jour où de nombreux skieurs quittaient les stations.
Durant ces fêtes de fin d’année, l’actualité a tourné en boucle autour du manque de neige. Ce n’est qu’hier, dimanche, qu’elle est finalement tombée, ironie du sort le jour où de nombreux skieurs allaient quitter les stations. Cette fois, c’est du sérieux. Les multiples images de langues blanches artificielles au milieu des prés verts helvétiques ont été comparées à celles de la Chine lors des Jeux olympiques de 2022.
Les stations qui n’ont pas de pistes d’altitude ont dû renoncer à leurs remontées mécaniques. Dimanche soir, la RTS évoquait un manque à gagner de 9% dans ce secteur depuis le début de la saison. Quelques centaines d’employés ont dû être mises au chômage technique. D’un média à l’autre, tous les acteurs ont été passés à la question: les restaurateurs, les hôteliers, les responsables d’office du tourisme, les touristes, les autochtones, les jeunes et les vieux. La situation était «triste», «désolante» ou «catastrophique», c’est selon.
Tout pour les canons
Dans ce psychodrame, on trouve aussi des gens positifs, qui ont plus de temps pour d’autres activités en station. Ma foi, il n’y a pas que le ski dans la vie… Et puis, à quelque chose malheur est bon: pas de neige en basse altitude, cela évite des journées de chaos sur les routes. Il y a aussi ceux qui s’accrochent, comme le patron des courses de Montana, Marius Robyr. Est-ce le réchauffement climatique? lui a-t-on demandé sur la RTS. Jamais Montana n’a dû annuler une course à cause du manque de neige, a-t-il botté en touche. Et de préciser qu’aujourd’hui les canons à neige fonctionnent à -2 ou -3 degrés, mais demain, ils pourraient le faire à 2, 3 voire 5 degrés.
On est sauvés. Dans les milieux alpins, les rapports du GIEC ne sont guère au programme. «The show must go on», comme le chantait Freddie Mercury peu de temps avant de mourir. On l’a vu ce week-end lors des courses d’Adelboden, la foule était dense au pied de la piste artificielle, bariolée de centaines de drapeaux suisses. Ce grand rendez-vous du sport et du patriotisme de l’Oberland bernois devrait se jouer toujours du climat, quoi qu’il arrive. Évidemment, d’autres se désolent du discours volontariste des promoteurs de sports d’hiver, qui s’installent dans le déni malgré tant d’avertissements.
Pour ou contre la neige?
En ces fêtes de fin d’année, c’est bien un psychodrame du manque de neige qui s’est joué dans les médias. Un de plus, dirons-nous. On sent aussi une polarisation entre la droite des régions périphériques et la gauche des villes. À terme toutefois, il n’y aura ni gagnants, ni perdants. Personne n’est pour ou contre la neige. C’est le thermomètre qui aura le dernier mot. À 10 degrés, il sera tout de même difficile de continuer à faire de la neige.