FootballMario Balotelli à Sion, les raisons d’un fiasco
L’Italien va quitter le club valaisan, dans lequel il ne s’est jamais fondu. Son attitude sur et en dehors du terrain a été désastreuse et ses performances ont desservi celui qui a été relégué en Challenge League.
- par
- Valentin Schnorhk
Ce devait être le «plus gros transfert» de Christian Constantin. Le président du FC Sion en était convaincu lorsqu’il était parvenu à faire signer Mario Balotelli lors du dernier jour du mercato d’été 2022. Il avait cassé sa tirelire: environ 2,5 millions de francs pour le transfert, près de 250 000 francs pour le salaire mensuel, selon estimations. Le tout, pour un total famélique de six buts, dont trois sur penalty, moins de vingt matches disputés et une relégation à la clé. Bref, le fiasco total. Mais quelles en étaient les raisons?
Son niveau de jeu
Longtemps, on a fait croire que Balotelli pouvait faire basculer un match sur une frappe lointaine, une demi-occasion. Ce n’est arrivé fondamentalement qu’une seule fois: lors d’une victoire 2-0 contre Lucerne à la mi-octobre.
Ce n’est pas faute d’avoir tenté: au vu de son temps de jeu, il était le 2e joueur de Super League à tirer le plus (près de 4 tirs par match), juste derrière Cedric Itten (à YB, soit une équipe bien plus dominatrice). En fait, il tirait surtout de n’importe où, alors que le jeu ne le demandait pas forcément. Aussi, on s’était trompé sur le diagnostic: Sion avait probablement besoin d’un 9, un attaquant performant dans la surface. Or, l’Italien ne touchait que très peu de ballons dans cette zone de jeu.
Et puis, il y a sa contribution globale au collectif qui était proche du néant: Balotelli ne courrait pas, ne défendait pas, il demandait tous les ballons dans les pieds et jamais dans l’espace. Bref, il était difficile de jouer avec Balotelli. Avec lui en tant que titulaire (15 fois), Sion n’a pris que 14 points.
Son attitude
Les performances sur le terrain ne sont presque qu’anecdotiques. Avec Mario Balotelli, c’est le package global qui a desservi le FC Sion. L’ancien joueur de l’Inter a constamment attiré l’attention, et rarement pour de bonnes raisons. Ses sorties nocturnes, son hygiène de vie qui laissait à désirer, son manque de professionnalisme ont souvent fait la une. Son état de forme a ainsi été un problème permanent, et cela a fait le dépit de plusieurs des entraîneurs qui se sont succédé la saison passée à Tourbillon.
Son comportement sur le terrain n’était pas plus appréciable: ses gestes de frustration qui se voyaient trop, ses réprimandes envers ses coéquipiers ou, pire encore, sa tendance à s’opposer très frontalement aux arbitres le rendaient insupportable.
Et puis, on se souvient d’un doigt d’honneur adressé au public du FC Bâle. On se rappelle aussi ses publications sur les réseaux sociaux pour critiquer vertement la Swiss Football League, qu’il avait comparée à une mafia. Entre autres. Bref, il en était devenu ingérable.
Le projet sédunois
Le FC Sion a été relégué en Challenge League la saison où il avait engagé Mario Balotelli. Mais il ne faut jamais oublier où en était le club valaisan avant l’arrivée de l’Italien: avant sa première titularisation contre Winterthour, Sion avait déjà pris 14 points en 8 journées (pour un total de 31 à la fin de la saison).
Surtout, sous la direction de Paolo Tramezzani, les Sédunois jouaient bien: ils avaient trouvé un style tout en mouvement, auquel l’attaquant d’alors Filip Stojilkovic contribuait avec beaucoup d’activité et une présence dans la surface. Relégué sur le banc après l’arrivée de Balotelli, l’ancien international espoirs a dû signer à Darmstadt durant l’hiver.
Puis, lorsque le désormais ex-numéro 45 a commencé à être aligné, le jeu sédunois a perdu en fluidité. Il s’est beaucoup reposé sur un Balotelli qui avait trop peu à donner, pour au final totalement détruire tout ce qui avait été bâti jusque-là. Et aucun des entraîneurs qui ont succédé à Tramezzani (Celestini, Bettoni, puis à nouveau Tramezzani) n’est parvenu à redonner une structure collective à une équipe en perdition, et encore moins à y intégrer Balotelli.
Peut-être bien que le FC Sion a acté sa relégation le jour où il a signé Mario Balotelli.