ValaisTrois enfants placés: les parents lancent un ultimatum
Pour des raisons administratives, des jumeaux de 21 mois et une fillette de 10 ans sont séparés de leurs parents à Sion, depuis plus de deux mois. Ces derniers remuent ciel et terre en Valais pour qu’on les leur rende. Sans succès pour l’instant.
![Eric Felley](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/25/649be52d-9129-4cd2-ac7f-eff88dafc17d.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C1430%2C1408&fp-x=0.5&fp-y=0.5&crop=focalpoint&s=c05b8698680dd925ea79774cbcb35ae1)
![Selon ses parents, la fillette de 10 ans placée dans un foyer veut rentrer chez elle, mais les services sociaux valaisans l’en empêchent. (Image d’illustration) Selon ses parents, la fillette de 10 ans placée dans un foyer veut rentrer chez elle, mais les services sociaux valaisans l’en empêchent. (Image d’illustration)](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/10/e4933176-e9f4-452e-9a92-873557fd4ea1.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C553%2C311&fp-x=0.5009041591320073&fp-y=0.5016077170418006&s=5a1c0a4ab21f75554d20c04ce433a98f)
Selon ses parents, la fillette de 10 ans placée dans un foyer veut rentrer chez elle, mais les services sociaux valaisans l’en empêchent. (Image d’illustration)
Getty ImagesLes parents des trois enfants placés en Valais à la suite de problèmes administratifs sont à cran. Ils ont écrit ce dimanche un message aux responsables de l’APEA de Sion et de l’Office de protection de l’enfant, demandant qu’on leur rende leur fillette de dix ans et leurs jumeaux de 21 mois. Ceux-ci ont été séparés de leurs parents le 13 août dernier sur décision de ces services sociaux, à la suite d’une procédure d’adoption pour les jumeaux qui s’est envenimée. «Sans réponse de votre part d’ici vendredi 29 octobre prochain, écrit le père, nous déposerons des plaintes pénales pour mise en danger sur mineurs et violences physiques et psychologiques sur mineurs».
Pas de maltraitance
Comme lematin.ch l’a raconté le 4 octobre dernier, les services sociaux valaisans ont ordonné le placement de ces trois enfants à la suite de relations administratives qui se sont détériorées, au fil des mois, entre les parents et diverses autorités valaisannes. Cette procédure a été entachée au départ par une fausse déclaration des parents concernant les circonstances de la naissance des jumeaux et le recours à une gestation pour autrui (GPA). Ce qui a valu à la mère une condamnation. Cela dit, les deux parents ont pris soin des deux bambins depuis leur arrivée en Suisse, sans qu’on puisse leur reprocher une quelconque maltraitance.
Estimant que l’Administration valaisanne faisait blocage à la procédure d’adoption des jumeaux, les parents ont décidé de les faire enregistrer à Fribourg. C’est là que les services sociaux sont intervenus. Depuis, les parents ont formé un comité de soutien et dénoncent en des termes très vifs, trop peut-être, le traitement qui est réservé à leur famille: «Nous avons toujours eu d’excellentes enquêtes sociales en notre faveur, explique inlassablement la mère. Le bien-être de nos enfants n’a donc jamais été mis en cause de quelque façon que ce soit dans les faits, ni leur santé psychique, morale ou physique».
Une visite toutes les deux semaines
Depuis plus de deux mois, la fillette de dix ans est hébergée dans un foyer. Pour ses parents, cela relève plutôt d’une séquestration. Ils peuvent la voir toutes les deux semaines durant deux heures lors d’un point rencontre. Ils l’ont vue samedi dernier: «Nous considérons qu’elle est victime de maltraitance psychique et morale de la part de l’APEA et de l’OPE, qui refusent de la laisser sortir sans surveillance, ne la laissant pas libre de ses mouvements et la contrôlent à chaque instant.» La mère demande que son enfant soit auditionnée, comme l’exige la loi, et qu’elle puisse rentrer chez elle.
Les jumeaux ont été placés dans un endroit ignoré des parents. Ils ont appris fortuitement que, depuis quelque temps, leur santé se serait péjorée. «Nous demandons un retour immédiat de nos trois enfants chez nous, étant à juste titre en souci pour leur état de santé manifestement dégradé», écrit encore le père.
«Des décisions mûrement réfléchies et motivées»
Du côté de l’APEA de Sion, à l’origine de la décision de placement, la présidente Karen Mailler ne peut répondre à ces griefs: «L’Autorité de protection n’est pas habilitée à communiquer au sujet de ses dossiers. Nous sommes tenus au secret de fonction». Du côté du Service cantonal de la jeunesse, qui chapeaute l’Office de protection de l’enfant, son chef, Christian Nanchen, estime que les autorités agissent de manière proportionnée: «Des mesures de protection ont effectivement été ordonnées par les autorités de protection de l’enfant (APEA). Toutes mesures de placement et de séparation font l’objet de décisions mûrement réfléchies et motivées et peuvent faire l’objet d’un recours auprès du Tribunal cantonal».
«La santé des enfants est bonne»
Quant à la maltraitance dont la mère accuse les autorités, Christian Nanchen précise: «Afin de protéger les enfants en question vous comprendrez que nous ne sommes pas en mesure de vous fournir plus d’informations à ce propos. De plus, il ne nous est pas possible de donner des informations détaillées sur la santé des personnes, car cela relève de la sphère privée. Toutefois nous pouvons vous confirmer que la santé des enfants est bonne».
Les parents préféreraient en juger par eux-mêmes. Ils réclament «une libération des trois enfants», ajoutant, «si une administration reconnaît ses erreurs, elle n’en ressort que grandie».