Thomas Pesquet a pris 245’000 photos depuis l’espace

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ISSThomas Pesquet a pris 245’000 photos depuis l’espace

L’astronaute français sort un livre, «La Terre entre nos mains», avec une sélection de ses 300 plus belles images.

Depuis l’espace, la Terre lui est apparue comme un fragile «îlot de vie»: durant sa deuxième mission en orbite, Thomas Pesquet a immortalisé de nouvelles vues spectaculaires d’une planète dont l’état de dégradation lui a sauté aux yeux.

L’astronaute français, redescendu il y a un an de la Station spatiale internationale (ISS), transmet son témoignage unique avec une sélection de ses plus belles prises: 300 clichés rassemblés dans «La Terre entre nos mains», beau livre à paraître mercredi aux Éditions Flammarion, et dont les droits d’auteur seront reversés aux Restos du cœur.

Le virus de la photo

Il écrit en préambule avoir «attrapé le virus de la photo» au cours de sa première mission dans l’espace (2016-2017) et raconte comment lors de sa deuxième, («Alpha», d’avril à novembre 2021) il n’a cessé de mitrailler la planète. En transmettant cette fois sa passion à ses compagnons de route de l’ISS.

«Au départ j’étais un peu photographe du dimanche, puis j’y ai vraiment pris goût», confie Thomas Pesquet à l’AFP. «Quand on arrive dans la Station, on a le réflexe smartphone: on voit un truc super, on l’immortalise… mais rapidement on est confrontés à des limites si on veut par exemple faire des photos la nuit, prendre des cibles précises avec de grands objectifs, etc. C’est difficile car tout est manuel».

À bord, une douzaine d’appareils photo sont à disposition des astronautes, dont certains installés en permanence dans la Cupola, célèbre fenêtre d’observation panoramique de l’ISS, ou dans le laboratoire américain, hublot regardant à la verticale vers la Terre.

«Beaucoup sont ratées»

Lui en a pris environ 245’000, pendant ses quelques heures de loisirs quotidiennes. «Beaucoup sont ratées mais en six mois il y a une vraie courbe de progression». Mers, fleuves, îles, déserts, montagnes, couchers et levers de Soleil: face à la beauté de la Terre, «l’émerveillement» de l’astronaute était toujours là.

«La planète est tellement vaste et diverse qu’on n’a pas l’impression d’avoir tout vu. Même après 400 jours en orbite, il y a encore des choses qui me surprennent, des endroits que je n’ai pas vus». À 28’000 km/heure, le défilement de la Station fait «qu’on n’est jamais au-dessus des mêmes zones aux mêmes heures du jour».

La grande nouveauté? Les aurores boréales, dont certaines bleutées, à sa grande surprise: des instants furtifs mais qu’il a réussi cette fois à capturer grâce à son coéquipier américain Shane Kimbrough: telle une vigie, il les voyait arriver depuis sa «chambre à coucher, ça nous laissait le temps de configurer nos appareils».

Les feux, une impression de fin du monde

De cet «imagier amoureux de la Terre», Thomas Pesquet partage aussi des clichés «qu’on déteste voir», pour alerter sur sa fragilité: le «sinistre spectacle» des ouragans, tornades et incendies qui ont secoué la planète durant ses 200 jours en orbite. Auquel il a assisté, «impuissant».

«Ce qui m’a le plus frappé, ce sont les feux. On voyait les flammes, les fumées très nettement, d’une ampleur impressionnante», donnant une impression de «fin du monde».  «Comme dans les films», il a vu des régions entières englouties: le sud de l’Europe, la Colombie-Britannique, la plaine de Californie «mangée petit à petit par une chape de fumée»…

«La différence en quatre ans, je l’ai vue. Ma première mission s’est passée l’hiver, ma deuxième en été, donc c’est normal qu’il y ait plus de feux mais au global, j’ai assisté à davantage de phénomènes violents», se désole-t-il.

On ne protège pas assez notre planète

Ce renforcement palpable des phénomènes climatiques extrêmes, «dont on sait qu’ils sont en lien avec le dérèglement du climat, a achevé de me convaincre que nous n’en avons pas assez fait pour protéger notre planète», écrit l’astronaute.

Sans la science (experts du climat, mesures des effets du dérèglement grâce aux satellites) «nous serions perdus face à l’ampleur des enjeux», plaide-t-il.  «Il n’est pas trop tard mais plus on attend… Or malheureusement on a l’impression que tout le monde se regarde en chien de faïence: tous les ans on dit «c’est maintenant qu’il faut agir» et c’est pareil l’année d’après, on ne fait que de petites actions sans impact global fort» sur l’environnement, regrette-t-il.

(AFP)

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