Crise ukrainienneMoscou et Washington en conflit au Conseil de sécurité de l’ONU
Abordée devant l’ONU, lundi, la crise en Ukraine a gagné en intensité. Moscou dit que Washington crée «l’hystérie», les Américains menacent les Russes en cas d’attaque de leur voisin ukrainien.
Comment ne pas penser à la guerre froide? La Russie et les États-Unis se sont déchirés, lundi, au Conseil de sécurité de l’ONU au sujet des troupes massées par Moscou près de l’Ukraine, tandis que les Occidentaux menacent désormais les oligarques russes de leur faire payer toute escalade militaire.
Les États-Unis «continuent à appeler à la diplomatie» pour résoudre la crise autour de l’Ukraine, mais «nous sommes prêts quoi qu’il arrive», a averti lundi le président américain Joe Biden.
La session du Conseil de sécurité s’est tenue à la demande des États-Unis et contre la volonté de la Russie. Dix des quinze membres du Conseil ont voté en faveur de cette réunion qui, loin de montrer un semblant d’apaisement, a tourné à l’affrontement ouvert.
L’ambassadeur de la Russie aux Nations Unies, Vassily Nebenzia, a accusé Washington de chercher à «créer l’hystérie» et à «tromper la communauté internationale» avec des «accusations infondées». Et il s’est fait un plaisir de renvoyer les États-Unis à l’un des chapitres les plus embarrassants de leur histoire diplomatique et militaire récente. Vassily Nebenzia a ainsi rappelé qu’avant l’invasion de l’Irak en 2003 Washington avait bien assuré avoir des preuves d’armes de destruction massive dans ce pays, qui n’ont jamais été trouvées.
Son homologue américaine Linda Thomas-Greenfield a estimé de son côté que le déploiement de plus de 100’000 militaires russes autour de l’Ukraine menaçait «la sécurité internationale». Elle a accusé Moscou de vouloir déployer, début février, «preuves» à l’appui, plus de 30’000 militaires supplémentaires en Biélorussie, dont le régime est très proche du Kremlin.
Oligarques
Parallèlement, les manœuvres diplomatiques continuent, tout comme les préparatifs de sanctions. Les États-Unis comme le Royaume-Uni – qui est un des terrains d’investissement favoris des grandes fortunes russes – ont dit lundi vouloir taper au portefeuille le premier cercle et les proches du Kremlin.
Washington a préparé des «dispositifs de sanctions spécifiques contre des membres de l’élite russe et leurs familles», si jamais la Russie attaquait l’Ukraine, a dit lundi la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki. Elle a souligné que les oligarques étaient «des cibles particulièrement vulnérables» à des sanctions en raison de leurs liens financiers très étroits avec des pays occidentaux.
À Londres, le gouvernement va durcir son régime de sanctions. «Nous veillerons à ce que ceux qui partagent la responsabilité de l’action agressive et déstabilisatrice du Kremlin supportent un lourd tribut», a averti la cheffe de la diplomatie britannique, Liz Truss. Ils risqueront le gel de leurs avoirs au Royaume-Uni et l’impossibilité d’entrer sur son territoire. Il sera également impossible pour une entreprise ou un individu au Royaume-Uni d’effectuer des transactions avec eux. Moscou a déjà promis une «riposte».