Amérique latine: Au moins 33 morts en 5 jours lors de raids policiers au Brésil

Dans la région littorale de la Baixada Santista, près de São Paulo, la plus grande métropole d’Amérique latine, le gouverneur Tarcisio de Freitas a fait état de 14 morts lors d’une opération menée depuis vendredi, au lendemain du meurtre d’un policier. À Bahia, 19 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre dans trois villes différentes, vendredi, dimanche et lundi. À chaque fois, les autorités locales ont affirmé que les policiers avaient dû réagir après avoir été attaqués par des «suspects» lors d’opérations menées contre des narcotrafiquants.

Dans l’État de São Paulo, l’opération «Escudo» (bouclier en portugais) a été déclenchée après la mort jeudi d’un membre du Rota, une unité d’élite de la police de São Paulo, tué par balles durant une patrouille à Guaruja, cité balnéaire à 60 km de São Paulo.

Le gouvernement du président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva a critiqué le lourd bilan de cette opération, menée sur les terres de Tarcisio de Freitas, ancien ministre de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022). Lundi, un premier bilan officiel avait fait état de huit morts lors de ces raids policiers dans la Baixada Santista. Selon les autorités, 32 suspects ont été arrêtés et plus de 20 kg de drogue saisis, ainsi que onze armes.

Tarcisio de Freitas s’est dit lundi «extrêmement satisfait» de l’opération, des propos vivement critiqués par Amnesty International.  «Jusqu’à quand nos dirigeants vont-ils légitimer la violence policière?» a publié l’ONG sur X (ex-Twitter). Mardi, le gouverneur a promis que des «enquêtes» seraient menées si des «excès» avaient été commis par les forces de l’ordre, promettant des «sanctions en cas d’abus».

Au Brésil, la police militaire, qui mène ce genre d’opérations, est gérée de façon indépendante par chacun des 27 États du pays.

Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique Flavio Dino a critiqué le bilan de l’opération «Escudo», estimant lundi qu’«il y a eu une réaction immédiate (des forces de l’ordre), qui semble disproportionnée par rapport au crime commis». Mais un grand nombre de personnes ont également été tuées par la police sur la même période dans l’État de Bahia, dont le gouverneur, Jeronimo Rodrigues, est un membre du Parti des Travailleurs de Lula.

La vague de violence a débuté vendredi, quand une première opération policière s’est soldée par la mort de sept «suspects» à Camaçari, à 50 km au nord de Salvador. À 200 km plus à l’ouest, huit personnes ont été tuées dimanche par les forces de l’ordre dans une zone rurale près de la ville d’Itatim. Lundi, c’est à Cosme de Farias, un quartier de Salvador, la capitale de l’État de Bahia, que quatre «suspects» ont péri lors d’une autre opération.

En 2022, 6429 personnes ont été tuées par la police au Brésil, soit 17 par jour en moyenne, selon des données collectées par l’ONG de référence Forum de la Sécurité publique, une légère baisse de 1,4% par rapport à l’année précédente. L’État de Bahia est celui qui a enregistré le plus de morts lors d’interventions des forces de l’ordre, 1464, plus d’un cinquième du total.