Notre rétro de 2022: Le jour le plus long de ma carrière

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Notre rétro de 2022Le jour le plus long de ma carrière

On savait que les Jeux olympiques de Pékin n’allaient pas être faciles à appréhender pour tout le monde, journalistes compris. Disons que mon entrée en matière a été plutôt costaude…

Robin Carrel
par
Robin Carrel
L’incroyable machine à apporter à manger

L’incroyable machine à apporter à manger

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Ca restera sans doute, dans ma vie, comme «le jour le plus long». Et ce n’était pas un 6 juin. C’était à la fin du mois de janvier, quand il a fallu aller jusqu’à Pékin - enfin, plutôt dans la montagne à côté de Pékin, dans un bled perdu au dessus de Zhangjiakou - pour y couvrir les Jeux olympiques de 2022 dans une bulle sanitaire et au milieu de plein de «Minions», le surnom donné aux bénévoles locaux couverts de la tête aux pieds afin d’éviter qu’un vilain étranger ne leur refile le vilain virus du SARS-CoV-2. Quand on est incapables de dormir dans les transports en commun, une épopée du genre peut vite devenir longuette.

Biélorussie évitée. L’Ukraine, il n’y avait pas encore besoin.

Biélorussie évitée. L’Ukraine, il n’y avait pas encore besoin.

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On part de Zurich, on évite la Biélorussie - Pas encore besoin de faire le tour de l’Ukraine, la guerre n’avait pas commencé, mais la Russie n’avait déjà pas le droit à son drapeau -, on voit un joli lever de soleil sur les steppes mongols, on repère depuis l’appareil la piste de descente où c’est tout vert autour et les joyeuses spécificités locales du «zéro Covid» ont pu commencer.

La descente olympique vue du ciel.

La descente olympique vue du ciel.

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Des tests, des formalités, de l’attente, un immense déplacement en bus direction la «neige» sans chauffage alors qu’il fait moins 20 sur la fin et que les vitres gelaient… à l’intérieur. Puis, un chauffeur qui oublie de passer à mon hôtel et qui, forcément - comme environ 97,2% des gens là-bas - ne pige pas un broque d’anglais. Après une trentaine d’heures de voyage, ça énerve. Mais bon, quelle chance on a de faire ce métier, machin pis tout... J’étais particulièrement tendu, quand même content d’être là, mais je n’avais pas fini ma double journée en une. Il manquait juste le ridicule pour que ce soit le pompon.

Un «Minion» local.

Un «Minion» local.

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Forcément, les voyages, ça creuse. Le froid aussi. Heureusement que dans mon hôtel tout juste terminé, il y avait un menu disponible 24/24 pour se faire livrer dans la chambre. Alors comme j’aime faire honneur à la gastronomie locale, j’y suis allé pour des pâtes. Ce sont quand même les Chinois qui les ont inventées (enfin, ça, c’est ce que je croyais à l’époque, mais depuis, je suis retourné vérifier et il s’avère que non. Faites vos recherches!) Et puis j’avais vu des vidéos de collègues qui se faisaient livrer par des robots et ça m’avait mis en joie d’avance. Vous la voyez venir, non?

La machine infernale.

La machine infernale.

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Quand la machine est arrivée devant ma porte, j’ai tout lâché, pris mon Natel en mode vidéo et je me suis précipité à l’extérieur de ma chambre. J’ai signé le bon que le robot me tendait, pris l’assiette, j’ai renversé mon dessert et je m’en suis voulu. Mais ce n’était pas fini, puisque je suis sorti sans la carte de ma chambre, forcément.

Du coup, les «Minions» de la réception se sont longuement fichus de moi dans leur langue et j’ai mangé froid. Et pour ceux qui se demandent: oui, j’avais pensé à garder un pantalon. Seule bonne nouvelle des dernières 48 heures.

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