Jeu vidéoMaster Chief, un mâle alpha sur Halo Zeta
Après bien des péripéties, «Halo Infinite», jeu qui a fait la première Xbox, est de retour. Notre opinion une fois la campagne pliée.
- par
- Jean-Charles Canet
Six ans après la sortie de «Halo 5; Guardians», «Halo Infinite», la campagne scénarisée, débarque sur Xbox (précédente et actuelle génération) et, pour la première fois en simultané, sur PC Windows. Dire que le jeu s’est fait attendre est peu dire, le dernier épisode de la saga devant arriver le jour de la sortie des Xbox Series X|S, en novembre 2020 mais a été reporté d’une année pour laisser le temps à l’équipe de 343 Industries de peaufiner une aventure qui n’a pas su éviter les phases douloureuses d’un développement compliqué.
Ce que nous avons découvert depuis le mercredi 8 décembre dernier, c’est une campagne équilibrée, ni trop longue, ni trop courte, qui brille avant tout (et c’est l’essentiel) par le gameplay unique qui a depuis toujours fait l’identité et la force de la saga.
Mais où est passée Cortana?
Quelques années se sont passées depuis que Cortana, l’Intelligence artificielle longtemps assistante et compagne du Master Chief, a pris son indépendance et s’est mis en tête d’imposer la paix et l’ordre dans la galaxie (air connu), par la force de sa persuasion et par les armes si nécessaire. Il va sans dire que l’humanité, ne partage pas cette vision. La plupart des extraterrestres qui la peuplent non plus d’ailleurs. Comme un problème ne vient jamais seul, l’armée humaine, à laquelle est affecté John, le spartan le plus puissant et aguerri de tous, affronte une coalition belliqueuse, appelée Parias (ou Bannis selon les traductions), et se fait proprement botter les fesses à proximité de l’anneau Zeta. Cette structure dormante depuis la nuit des temps est en fait à la fois un monde habitable et une arme de destruction massive conçue par une civilisation disparue, les Forerunners.
Au début de l’aventure, on retrouve notre héros en fâcheuse posture, flottant dans l’espace, secouru par un pilote humain survivant du carnage. Ses batteries rechargées, le laconique spartan entreprend de se rendre sur l’anneau pour découvrir ce que les brutaux Parias recherchent. Sur son chemin il récupère une nouvelle IA aux traits forts ressemblants à ceux de son ex-bien aimée Cortana.
Trois parties
Bâti en trois parties, une première en intérieur servant de d’espace d’apprentissage, une deuxième située sur l’anneau Zeta dans un monde semi-ouvert, et une dernière à nouveau en intérieur pour le dénouement de certains aspects de l’intrigue, «Halo Infinite», à défaut de nous avoir convaincus sur tous ses aspects, nous a procuré l’essentiel, soit un immense plaisir de jeu. Ses mécaniques d’affrontement se classant sans conteste parmi les meilleures de celles que peut offrir une superproduction moderne.
L’apport du grappin dans un arsenal particulièrement soigné et diversifié contribue grandement à une évolution positive du gameplay. «Halo Infinite» a de plus l’élégance de rester abordable en mode de difficulté «facile» et «normal» alors que les autres, dont l’impitoyable mode «légendaire», imposent une maîtrise et une grande connaissance tactique des armes pour vaincre les ennemis les plus coriaces.
La narration façon puzzle
Le point faible, qui a toujours été à notre sens celui de la saga, reste une narration toujours aussi elliptique qui impose de boucher les trous en s’informant sur YouTube ou ailleurs. En bref, il faut s’accrocher avec ce que donne le jeu via sa narration visuelle, les cinématiques et par les journaux de bord audio disséminé dans les environnements. Et pris par le côté trépidant de l’action, il est facile de passer à côté d’éléments clés qui pourraient en faire un divertissement autonome. Le bon côté de la médaille est que si on fait l’effort de chercher çà et là dans l’histoire de l’univers (le lore en anglais), décliné en romans, animés, résumés vidéo, Wikipédia, etc., on est récompensé par la découverte d’un univers plus riche et plus nuancé que la campagne ne le laisse entendre.
On ne surprendra personne en disant que le dénouement de «Halo Infinite» est ouvert. Il donne quelques réponses mais ouvre de nouveaux mystères.
Beau bien que «cross gen»
Côté technique, outre son brillant gameplay et en tenant compte que «Halo Infinite» reste un jeu entre deux générations de consoles, on s’avoue très convaincu par ses aspects graphiques, la solidité de sa direction artistiques compensant aisément certains effets next gen absents. À la question «Halo est-il beau?» on répondra sans hésiter «oui». On note également que la souplesse du moteur du jeu lui permet d’être qualifié d’honorable sur Xbox One, de très satisfaisant sur Xbox One X et Xbox Series S et d’exceptionnel sur Xbox Series X. Sur un PC de gamer cela peut être encore (un peu) mieux, pour autant qu’il soit bien optimisé.
Une fois la campagne achevée, il est laissé le loisir de retourner dans le monde ouvert afin de satisfaire votre soif complétionniste. L’univers Infinite est appelé à s’étendre dans les mois qui viennent. En mai 2022, «Halo» devrait, si tout se passe bien, être encore modifié par l’ajout de la possibilité de battre la campagne en collaboration en ligne (à quatre au maximum, selon les indices apparents dans le jeu). Cet aspect unique nous a manqué au point de nous faire regretter qu’il n’ait pu être intégré comme prévu au lancement. De nouveaux éléments de campagne sont également attendus comme le loup blanc.
Dénouement pour les fans
Alors, «Halo Infinite» est-il un jeu pour les fans? Oui mais pas que. Grâce à son gameplay impeccable, toutes les clés sont laissées à ceux qui le souhaitent pour creuser la moindre l’univers. Ne serait-ce que pour comprendre les implications de la cinématique postgénérique (plus explicite en mode «légendaire», mais complètement nébuleuses sans connaissance du lore).
Et ainsi se conclut la saison des blockbusters d’avant Noël. De loin pas par le pire.