AfghanistanLe post rassurant d’un présentateur: «Je serai toujours la voix du peuple»
Arrêté par les talibans dans les locaux de la chaîne indépendante TOLOnews jeudi soir, Bahram Aman a été libéré près de 24 heures plus tard.
L’un des présentateurs de télévision les plus connus d’Afghanistan, arrêté jeudi par les talibans, a annoncé vendredi avoir été libéré. La principale chaîne de télévision indépendante afghane, TOLOnews, avait auparavant indiqué que son présentateur Bahram Aman avait été arrêté jeudi soir dans ses locaux, en même temps que le directeur de l’information Khpalwak Sapai et qu’un conseiller juridique, Nafi Khaleeq.
«Tous les trois ont été arrêtés pour avoir relayé des informations selon lesquelles les autorités avaient interdit aux chaînes de télévision de diffuser des séries dramatiques étrangères», avait expliqué la chaîne, en précisant que ces deux derniers avaient été rapidement relâchés. Aman a annoncé sur sa page Facebook avoir lui aussi été libéré. «Après presque 24 heures, j’ai été libéré de prison», a-t-il écrit, promettant de «toujours rester la voix du peuple». Un membre de sa famille, sous couvert d’anonymat, a confirmé à l’AFP sa libération et affirmé que les talibans «l’avaient déjà menacé» par le passé.
Le Ministère taliban de la promotion de la vertu et de la prévention du vice avait interdit en novembre la diffusion de séries télévisées montrant des femmes, à moins qu’elles ne promeuvent une thématique islamique. Mais cette directive était diversement mise en œuvre et les islamistes semblent maintenant vouloir l’appliquer plus strictement, ce dont TOLOnews a rendu compte.
«Nous ne permettrons à personne de piétiner nos valeurs islamiques et nationales (... et) de menacer la sécurité de notre peuple et notre nation», ont réagi dans un communiqué les services de renseignement talibans, peu après la libération d’Aman. Ces derniers jours, plusieurs chaînes de télévision afghanes ont cessé de diffuser des séries.
Les informations faisant état de l’arrestation des trois hommes avaient suscité dans la nuit une prompte réaction de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (Manua). L’ONU demande «la libération de toutes les personnes emmenées par les hommes armés et la cessation des intimidations et des menaces à l’encontre des journalistes et des médias indépendants», avait-elle indiqué sur Twitter.
Sous leur précédent régime, entre 1996 et 2001, les talibans avaient interdit la télévision, le cinéma et toutes les formes de divertissement, jugés immoraux. Malgré leurs promesses de se montrer cette fois-ci plus modérés, les islamistes ont depuis août arrêté des journalistes, des voix critiques du régime et des militantes féministes qui réclamaient le droit au travail ou à l’éducation.