Etats-Unis: Un juge à la Cour suprême a profité des largesses d’un riche

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États-UnisUn juge à la Cour suprême a profité des largesses d’un riche

Jeudi, le juge conservateur Clarence Thomas a bénéficié de la générosité d’un riche homme d’affaires, ce qui pose des questions de morale.

Clarence Thomas a été nommé juge à la Cour suprême par le président républicain George H. W. Bush, en 1991.

Clarence Thomas a été nommé juge à la Cour suprême par le président républicain George H. W. Bush, en 1991.

AFP

Croisières sur un méga-yacht, vols en jet privé… Le plus conservateur des juges de la Cour suprême américaine, Clarence Thomas, a accepté depuis plus de vingt ans moult séjours de luxe de la part d’un milliardaire connu pour ses dons au parti républicain, affirme une enquête de presse publiée jeudi. Les réactions à ce qui a été considéré comme soulevant des questions éthiques n’ont pas tardé à se multiplier du côté des démocrates, un élu réclamant sa démission immédiate.

Le magazine d’investigation en ligne «ProPublica» dit avoir interviewé «des dizaines de personnes» et épluché des documents internes pour prouver que le magistrat avait accepté ces largesses de l’homme d’affaires Harlan Crow sans les déclarer.

Des révélations «stupéfiantes», a estimé dans un communiqué l’association Fix The Court, qui milite pour une réforme de la Cour suprême, temple du droit américain. Cela confirme, selon elle, la nécessité de la mise en place de règles plus strictes sur les cadeaux reçus par ses membres. L’amitié entre le juge, qui compte le plus d’ancienneté à la Cour, et le magnat de l’immobilier avait déjà fait l’objet d’un article du «New York Times» en 2011, qui la qualifiait «d’inhabituelle et sensible en matière d’éthique».

Conflit d’intérêts

Ce n’est pas la première fois que le nom de Clarence Thomas est lié à une controverse: sa femme Ginni, lobbyiste et militante, a été impliquée dans la croisade de Donald Trump pour prouver – à tort – que la présidentielle de 2020 lui avait été volée. Une fois révélés les SMS et e-mails qu’elle a envoyés dans ce but, la gauche avait fustigé un apparent conflit d’intérêts et appelé son mari à se récuser de tout dossier électoral.

Nommé par le président républicain George H. W. Bush en 1991, il avait été confirmé malgré des accusations de harcèlement sexuel portées par une ancienne assistante. Il les a toujours niées, se disant victime d’un «lynchage high-tech».

Appel à la démission

Dans son enquête, ProPublica indique que Clarence Thomas se rend quasiment chaque été dans une propriété de l’homme d’affaires dans les Adirondacks, dans l’État de New York, et qu’il l’a accompagné au «Bohemian Grove» en Californie, un club d’élite exclusivement masculin. «Pour préserver ce qui reste du respect de la population pour la Cour suprême des États-Unis, le juge Thomas doit immédiatement démissionner», a tweeté l’élu de gauche Hank Johnson.

De son côté, l’influent sénateur démocrate Dick Durbin a affirmé que «la plus haute cour du pays ne devrait pas avoir les normes éthiques les moins élevées». Les révélations «montrent, encore une fois, que les juges de la Cour suprême doivent être tenus de respecter un code de conduite contraignant, comme tous les autres juges fédéraux», a-t-il dit. «L’article de ProPublica est un appel à agir, et la commission judiciaire du Sénat va agir».

Des déclarations du magistrat dans un documentaire, dans lesquelles il se présentait comme un homme du peuple, ont refait surface jeudi. «Je n’ai aucun problème avec le fait d’aller en Europe mais je préfère les États-Unis (…), je préfère traverser les zones rurales», disait-il. «Je préfère les camping-cars. Je préfère les parkings des (supermarchés) Walmart aux plages et aux choses comme ça».

(AFP)

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