Affaire Delphine JubillarCédric Jubillar saura lundi s’il peut recouvrer la liberté
L’époux de l’infirmière disparue en décembre 2020 pourrait ressortir prochainement. C’est en tout cas le souhait de ses avocats.
Après presque un an en détention, Cédric Jubillar, soupçonné du meurtre de sa femme Delphine, une infirmière du Tarn disparue en décembre 2020, devra encore attendre jusqu’à lundi, pour savoir s’il retrouve la liberté. Alors que le ministère public et les parties civiles s’opposent à sa sortie de prison, les avocats de la défense dénoncent une atteinte à la présomption d’innocence.
«Nous avons plaidé longuement, devant un magistrat extrêmement attentif», a affirmé Alexandre Martin, un des avocats de Cédric Jubillar, à la sortie de l’audience convoquée par le juge des libertés et de la détention (JLD). «On est à un point d’étape important en termes de procédure où la loi fait obligation à la justice de faire le point au bout d’un an», a expliqué Emmanuelle Franck, une des avocates de ce peintre plaquiste de 34 ans.
«Un juge qui a un regard nouveau sur ce dossier»
Les conseils du Tarnais se sont réjouis d’avoir fait face à «un magistrat consciencieux et indépendant», eux qui étaient sortis irrités de plusieurs audiences consécutives à leurs demandes de mise en liberté, toutes rejetées. «C’est un juge qui a un regard nouveau sur ce dossier et qui a écouté, pris des notes pendant ces longues heures de plaidoirie et qui a décidé de réfléchir et de rendre sa décision lundi prochain», a précisé Me Martin.
L’audience s’est tenue à huis clos, comme cela a souvent été le cas dans cette affaire née dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, lorsque Delphine, qui travaillait comme infirmière de nuit dans une clinique d’Albi, a disparu de la maison où le couple vivait avec ses deux enfants, à Cagnac-les Mines (Tarn). La défense s’est montrée plus optimiste qu’à l’accoutumée, après un an et demi d’une enquête, où Cédric Jubillar fait figure de principal suspect.
«Délitement» de l’accusation
«Les arguments de l’accusation sont toujours les mêmes, ils n’ont pas changé et ils se sont un peu délités depuis la conférence de presse du procureur de la République du 18 juin 2021», a estimé Me Jean-Baptiste Alary, également avocat de Cédric Jubillar. Une fois de plus, ses conseils ont clamé son innocence, mettant en avant un élément qui, selon eux, le «dédouane totalement».
«On sait que le téléphone de Delphine a été manipulé à un horaire où Cédric Jubillar est avec les gendarmes», a asséné Me Martin, faisait référence à l’activation du téléphone portable de la victime à 6h52, la nuit de sa disparition. «La détention c’est l’exception et la liberté c’est le principe, la présomption d’innocence c’est le principe», a martelé Me Martin.
«Trouble grave à l’ordre public»
Sans preuve accablante, aveux, scène de crime ou corps pouvant livrer des éléments décisifs, les enquêteurs ont toutefois estimé jusque-là avoir réuni un faisceau d’indices suffisant pour justifier le maintien en prison du trentenaire. Pour Mourad Battikh, avocat de plusieurs parents de l’infirmière, Cédric Jubillar «ne peut absolument pas être remis en liberté».
«Cela créerait un trouble grave à l’ordre public, concernant la sécurité de mes clients, qui ne seraient pas sereins de le savoir en liberté. Et puis les indices graves et concordants qui s’accumulent depuis un an et demi vont dans le sens d’un maintien en détention», a déclaré à l’AFP, Me Battikh.
«Nous avons la preuve qu’il y a eu une dispute»
L’avocat de la partie civile égrène les éléments qui accusent le mari de Delphine Jubillar. «Nous avons la preuve qu’il y a eu une dispute dans la maison la veille de la disparition, les lunettes de Delphine cassées en quatre morceaux, des voisines qui ont entendu des cris d’effroi, le fait qu’il venait d’apprendre qu’elle allait refaire sa vie avec un autre homme. Tout laisse à penser que ce soir-là, il a commis l’irrémédiable».
Que la décision lui soit favorable ou non, lundi, à 14 heures, Cédric Jubillar devra rester en détention au moins jusqu’à l’issue de son mandat de dépôt, le 18 juin, ont précisé ses avocats.