CommentaireLa «loi climat», un minimum vital pour la Suisse
La loi proposée le 18 juin prochain répond en partie aux préoccupations climatiques. Un compromis, qui permet d’aller de l’avant dans la transition énergétique.
- par
- Eric Felley
Il y a une parenté évidente entre la loi sur le CO₂, refusée à 51,6% par le peuple en juin 2021, et la «loi climat» qui sera votée le 18 juin prochain. Les deux impliquent que la Suisse agisse sur la réduction des gaz à effet de serre et assume ses responsabilités dans le cadre de la lutte internationale contre le réchauffement climatique. Car la Suisse a ratifié, comme 196 autres parties prenantes, l’Accord de Paris entré en vigueur en 2016.
À partir de 2024, les pays signataires devront rendre compte des mesures prises et des progrès réalisés en matière d’atténuation du changement climatique. La loi sur la protection du climat s’inscrit dans ce contexte et fixe des objectifs et des paliers sectoriels afin d’atteindre «zéro émission nette» de gaz à effets de serre à l’horizon 2050.
Cela paraît loin et en même temps, c’est presque demain. La première difficulté est que cette transition énergétique demande une volonté sur le long terme, alors que tout le monde a de gros soucis à court terme. Les résultats de la votation de 2021 montrent que la population n’a pas encore pris la mesure du marathon qui s’est engagé. Certes, une majorité de personnes a pris conscience de la problématique du climat, mais lorsqu’il s’agit de modifier des comportements, c’est une autre histoire. Notamment dans les transports, où l’essence semble intouchable.
La Suisse n’est pas un millième du monde
Dans son rôle habituel de «neinsager», l’UDC veut ratisser large contre cette loi qu’elle a rebaptisée «Loi sur le gaspillage de l’électricité». On ne pourra plus manger assez de viande, les loyers vont augmenter, les voitures seront réservées aux riches ou encore les jeunes seront privés de TikTok. L’UDC insiste sur l’argument, que la Suisse, ne représentant qu’un millième de la population mondiale, est impuissante face aux gros pollueurs de la planète. Mais la Suisse n’est pas un millième du monde en toute chose, en particulier sur les plans de la finance internationale et du négoce des matières premières.
Avec sa hargne habituelle, l’UDC mène un combat d’arrière-garde en défendant ceux qui ont des intérêts économiques dans le commerce des énergies fossiles, des pompes à essence ou des chauffages à mazout. Son souci du porte-monnaie des gens est à géométrie très variable. Quand il s’agit de défendre au Parlement les intérêts des consommateurs, des assurés ou des salariés, elle est rarement au rendez-vous.
Le 18 juin prochain, si le peuple devait dire non à cette loi estampillée «climat», ce ne serait évidemment pas la fin du monde. Mais ce serait une occasion manquée d’avoir enclenché en Suisse une dynamique vers une transition énergétique – qui prendra le temps qu’il faut - mais dont on aurait au moins fixé quelques jalons.