Arc jurassienLa tête de moine produit du plastique
L’emballage du fromage qui se racle avec une girolle n’est pas écologique, mais l’interprofession y réfléchit.
Avec 3300 tonnes vendues l’an dernier, la Tête de moine d’appellation d’origine contrôlée a établi un record qui a son revers: 60% de la production est écoulée dans des barquettes en plastique. «Le Quotidien Jurassien» a mené l’enquête au sein de la filière avec pour résultat qu’un emballage en carton n’est pas adapté à ce fromage.
Vingt millions de barquettes en plastique? «On est conscient que c’est un problème», a admis le gérant de l’interprofession Martin Siegenthaler, en précisant que «cela fait 20 ans qu’on en parle». Problème: les rosettes confectionnées et conditionnées présentent de la condensation et il convient d’éviter leur assèchement.
L’avantage de la barquette, c’est d’interrompre l’affinage et de stabiliser le produit, mais la fragilité des rosettes nécessite un emballage robuste, davantage que des cubes de Gruyère. Un essai mené avec une couche de carton a permis de diminuer le plastique de 60%., mais cet emballage n’est pas disponible pour la grande distribution. Adaptée au produit, la rondeur des barquettes ne facilite pas une solution à grande échelle.
Le carton a aussi son revers: il est plus lourd et comme pour le chocolat, si le client ne voit pas ce qu’il achète à travers l’emballage, les ventes diminuent. Le producteur «Fromages Spielhofer» de St-Imier prévoit toutefois une alternative en carton pour cette année, sur le marché suisse.
Issue de l’abbaye de Bellelay (BE) datant de 1136, la Tête de moine est une dénomination apparue vers 1790 en référence soit au crâne rasé des moines avec un brin d’ironie, soit au nombre de fromage à stocker par tête de moine. Cette meule cylindrique a été de tout temps raclée avec un couteau au lieu d’être coupée. L’invention de la girolle par un mécanicien de Lajoux (JU) a fait exploser les ventes en 1982.