Hockey sur glaceLes plus et les moins du derby Ajoie - Bienne
Le HC Bienne a gagné le premier derby de l’Arc jurassien samedi et reste sur trois succès, avant de recevoir Ambri dimanche soir.
- par
- Julien Boegli Porrentruy
Battu à quatre reprises la saison passée par son voisin biennois sans être parvenu à lui chiper ne serait-ce qu’un point, le HC Ajoie n’a pas réussi à inverser la tendance et s’enfonce déjà dans ce qui ressemble à une petite crise automnale, lui qui reste désormais sur six défaites consécutives.
Qu’est-ce qui a plu? Qu’est-ce qui a déplu? On débriefe avant la confrontation de dimanche soir entre Bienne et Ambri.
Les plus
Une arène pleine comme un œuf
Un an et demi après sa rénovation, la Raiffeisen Arena a fait le plein pour la première fois. Cette confrontation a ainsi été suivie par 5078 spectateurs (capacité maximale autorisée depuis cette année) le tout, dans une ambiance de fête. L’an passé, c’est déjà face au voisin du Seeland, le 19 décembre, que le record d’affluence avait été enregistré (4586 spectateurs). En période de restrictions sanitaires, aucun autre duel n’aura attiré davantage de monde. Le club de Porrentruy a pour le coup établi un nouveau record. À l’époque, dans l’antre du Voyeboeuf, la limite était fixée à 4200 personnes. Le record, alors, tenait depuis la fin des années 80, avec 4500 spectateurs comptabilisés lors d’un Ajoie-Berne.
S’agit-il d’une nouvelle marque référence pour un match dans le dernier-né des cantons helvétiques? Eh bien non. Au tournant du nouveau millénaire, une affiche de football entre les SR Delémont, alors en ligue nationale A, et le grand FC Bâle avait ramené plus de 6000 spectateurs au stade de la Blancherie.
Une maîtrise biennoise parfaite
Dans ce contexte hostile, le HC Bienne a évolué avec sérieux et application. Il ne s’est jamais laissé gagner par les émotions. Un match tout en contrôle pour les hommes d’Antti Törmänen. Deux pénalités concédées, pas de stress, une réaction immédiate à l’ouverture du score locale (Luca Hischier, 10e) et cette capacité à frapper fort au sortir de chaque brève période de domination adverse. Les joueurs seelandais ont fait preuve de flegme tout au long de la soirée. Face à des Jurassiens engagés la veille à Lausanne et qui ont fini par piquer du nez, cela s’est avéré payant.
La profondeur offensive biennoise
Cinq buts inscrits par trois lignes, le dernier dans la cage vide à cinq secondes du terme par Sallinen, interceptant une passe manquée d’Anthony Rouiller. C’est peut-être bien là que la différence s’est faite samedi soir. L’entraîneur Törmänen a pu s’appuyer sur une profondeur offensive que n’avait pas Filip Pesan. Jesper Olofsson malade du Covid, deux seuls apports étrangers en attaque dont un Toni Rajala moins éclatant qu’à son habitude? Pas un problème, la légion helvétique a joué les locomotives et le (nouveau) top scorer finlandais a terminé le boulot, avec deux réalisations dans le dernier quart d’heure.
Le retour du duo Devos-Hazen
C’est un peu comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Et pourtant, la séparation a duré un an. À nouveau réuni dans la même ligne d’attaque depuis le retour de blessure de Jonathan Hazen, le duo québécois a été le plus remuant durant la partie. Alignées aux côtés de Martin Bakos – plus discret, le Slovaque dont le contrat portant jusqu’au 31 octobre aurait été prolongé (ou sur le point de l’être) jusqu’au terme de l’exercice – les deux fines gâchettes qui ont longtemps fait trembler les défenses de Swiss League ont cependant parfois voulu trop en faire. Comme avec cette passe de trop (21e) lors d’une rupture qui aurait pu inverser le cours des événements (le défenseur Yakovenko a marqué le 3-2 quelques secondes après).
Les moins
Le retrait de l’alignement de T.J. Brennan
Ajoie n’avait inscrit que huit réussites lors des cinq derniers matches, tous perdus? Le coach Pesan devait réagir. Il l’a fait en retirant son défenseur T.J. Brennan de l’alignement défensif pour y intégrer Guillaume Asselin devant. Avec cinq joueurs étrangers en attaque, les Jurassiens ont certes marqué davantage qu’un but à Bienne pour la première fois en plus d’une année, cela n’a cependant pas suffi. En fait, l’impression qui ressort est que ce choix a davantage semblé déstabiliser le dispositif jaune et noir qu’il n’a consolidé son secteur offensif. L’absence de l’arrière américain, plus sûr depuis la reprise que son compère québécois Jérôme Leduc, s’est fait sentir.
Le manque de profondeur offensive ajoulote
Philip-Michaël Devos en verve cet automne (5 buts et 9 assists en 12 matches) et une brigade étrangère qui présente, grosso modo, le rendement dont on est en droit d’attendre d’elle. Et le reste? À Porrentruy, certains hommes n’ont pas encore pris leur envol. Frédérik Gauthier (1 but, 4 assistes), après un départ plein de promesses, peine depuis à passer la vitesse supérieure. Kevin Bozon (premier but et premier point samedi) est-il réellement taillé pour occuper une position à l’aile du deuxième trio, comme c’est le cas depuis la rentrée?
Le fait est que la bonne forme de quelques hommes et des premiers résultats encourageants ont jusqu’à présent occulté la relative méforme de plusieurs autres éléments. La troisième ligne composée de Thibault Frossard, Reto Schmutz et Gregory Sciaroni en est le symbole le plus évident. Réunis samedi soir, les trois joueurs aux compétences offensives somme toute reconnues n’ont adressé qu’une seule frappe, sur les 27 du HCA, en direction de la cage d’Harri Säteri.
Après douze journées, le trio ne compile, ensemble, que trois réalisations et autant de mentions d’assistance. Soit quasiment autant que Jonathan Hazen à lui seul depuis son retour au jeu (3 matches, 2 buts et 3 assists).