Coronavirus à PékinUn test Covid même pour commander à manger depuis le trottoir
Sites touristiques quasi déserts et restaurants en mode «à l’emporter»: à Pékin, la menace d’un confinement et le renforcement des mesures plombent les congés de la Fête du travail.
Les Chinois profitent généralement du 1er-Mai et des jours fériés qui suivent pour voyager à travers le pays. Mais cette année, la pire flambée de Covid depuis le début de l’épidémie en contraint beaucoup à rester chez eux. Tandis que la plus grande ville de Chine, Shanghai, est confinée depuis plus d’un mois, la capitale Pékin retient son souffle après un rebond épidémique.
La ville a recensé ces derniers jours plus de 300 cas positifs. Dans tous les lieux publics de la capitale, il est désormais obligatoire de présenter un test de dépistage de moins de 48h. Pour freiner la contagion, les restaurants ont interdiction d’accueillir des clients et ne peuvent vendre qu’à l’emporter. Au grand dam d’un secteur qui comptait se refaire une santé, durant des congés habituellement propices à la consommation.
Inévitablement, ces mesures auront «un impact sur nos ventes», déplore An, rencontrée dans un restaurant du quartier Dongcheng à Pékin, où se trouve notamment la Cité interdite. Alors que les Chinois aiment se retrouver entre amis ou en famille autour de bons plats, la vente à l’emporter est loin d’être l’idéal. Avec ce système «on fait moins de recettes», soupire la responsable de l’établissement.
Mal nécessaire
Résultat, certains restaurants du quartier sont tout bonnement fermés, tandis que d’autres exigent un test de dépistage même pour une commande passée sur le trottoir. Non loin de là, des pattes de poulet marinées et des petits pains posés en pleine rue sur un étal n’attirent guère le chaland.
En période d’épidémie, des restrictions sont «nécessaires pour le bien du pays», mais celles-ci sont «mauvaises» d’un point de vue personnel, indique un serveur qui préfère taire son nom. «Habituellement en une journée, on vend pour 10’000 yuans (1470 francs) de nourriture. Là, c’est seulement 1000 ou 2000 yuans (294 francs).»
Les congés du 1er-Mai, qui prennent fin mercredi, voient habituellement les sites touristiques de la capitale envahis par des hordes de visiteurs, au grand bonheur des commerçants. Mais dimanche, les touristes ne se bousculaient guère au Temple du Ciel. Même calme inhabituel à Wangfujing, populaire artère commerçante de Pékin. Quant au parc Universal Studios, le complexe est fermé depuis dimanche et jusqu’à nouvel ordre.
Hôpital de fortune
Face au variant Omicron, la ville de Pékin a lancé la semaine dernière une campagne de dépistage de la quasi-totalité de ses 22 millions d’habitants. Des immeubles ont été confinés, mais représentent pour l’heure une très petite part de la population. Les Pékinois vivent toutefois dans l’appréhension d’un confinement généralisé.
Un hôpital de fortune d’environ 4000 lits est d’ores et déjà opérationnel et des centres de quarantaine plus grands sont en cours de construction. Le ministère de la Santé a fait état lundi de 36 nouveaux cas positifs à Pékin. Le nombre de contaminations se trouve «sur un plateau haut», a relevé dimanche une responsable des services de santé de la ville, Pang Xinghuo.