Documents confidentiels : Le procès de Trump sera présidé par une juge fédérale qu’il a lui-même nommée

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Documents confidentielsLe procès de Trump sera présidé par une juge fédérale qu’il a lui-même nommée

Tirée au sort pour superviser le procès de Donald Trump en 2024, Aileen Cannon avait été appointée à son poste par l’ex-président républicain en 2020. Des voix demandent sa récusation.

La juge Aileen Cannon fait l’objet de doutes sur son impartialité concernant Donald Trump.

La juge Aileen Cannon fait l’objet de doutes sur son impartialité concernant Donald Trump. 

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Il y a trois ans, quand Aileen Cannon fut nommée juge fédérale par le président américain d’alors, Donald Trump, elle était loin d’imaginer qu’un jour elle présiderait son procès. Pourtant, la magistrate a annoncé vendredi que le premier procès fédéral pénal visant un ancien président américain se tiendrait au coeur de son petit tribunal fédéral de Fort Pierce, en Floride, à partir du 20 mai 2024.

En pleine campagne 

Tirée au sort pour superviser le procès, éminemment sensible, de l’ex-président dans l’affaire des documents confidentiels, sa nomination n’est pas du goût de tous. Donald Trump, candidat à l’élection présidentielle de 2024, fait face à 37 chefs d’accusation dont «rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale», «entrave à la justice» et «faux témoignage». Il est accusé d’avoir mis la sécurité des Etats-Unis en péril en conservant des documents confidentiels dans sa résidence de luxe de Mar-a-Lago.

La tenue du procès, en plein coeur de la primaire républicaine pour la présidentielle de 2024, ne fera qu’augmenter la pression sur la magistrate. Le procès n’empêchera pas le milliardaire de faire campagne, mais en tant qu’inculpé, il pourra être contraint d’assister aux audiences, qui pourraient s’étaler sur des semaines voire des mois. Reste à déterminer comment Aileen Cannon adaptera ou non le calendrier des audiences aux besoins de campagne de l’homme qui lui a confié son poste.

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Poste à vie

Aileen Cannon saura-t-elle résister à ces pressions ? Ceux qui veulent voir Donald Trump condamné pour sa gestion négligente des secrets de la Maison Blanche, en doutent. D’abord parce qu’elle a peu d’expérience en tant que magistrate. Le milliardaire républicain lui a confié un poste à vie de juge fédérale juste avant sa défaite à la présidentielle de novembre 2020. Elle n’avait alors que 38 ans, dont trois au sein d’un cabinet d’avocats et sept dans les bureaux d’un procureur fédéral de Floride.

Les doutes sur son impartialité sont aussi liés au fait qu’elle a déjà fait preuve d’une grande déférence envers Donald Trump. Après la perquisition de son club de luxe Mar-a-Lago par le FBI en août 2022, le septuagénaire avait saisi la justice pour empêcher les procureurs d’examiner directement les documents saisis. La juge Cannon avait déjà hérité du dossier et lui avait donné en partie raison, mais surtout elle avait souligné «les circonstances extraordinaires» liées à son ancienne fonction. Elle avait été désavouée en appel par trois magistrats qui s’étaient montrés inhabituellement critiques : «S’il est en effet extraordinaire d’avoir un mandat de perquisition pour le domicile d’un ex-président, cela ne doit en aucune façon remettre en cause notre analyse juridique», avaient-ils écrit dans leur décision.

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«Position difficile»

Or la magistrate aura bien plus qu’un rôle protocolaire. La juge Aileen Cannon fixera le calendrier des audiences préliminaires et du procès, qui se déroulera donc en pleine campagne présidentielle, et elle décidera quelles preuves matérielles peuvent être présentées aux jurés. Elle pourrait, par exemple, être tentée d’exclure des notes accablantes prises à la volée par un avocat de Donald Trump, au nom du secret professionnel. Enfin, elle supervisera le choix des jurés, qui devront rendre un verdict unanime.

Pour toutes ces raisons, plusieurs voix lui ont demandé de se récuser. La magistrate, qui semble ne pas l’envisager pour l’instant, se trouve dans «une position difficile», souligne Thomas Holbrook, professeur de sciences politiques à l’université du Wisconsin-Milwaukee. Quelle que soit sa conduite, elle sera vilipendée, pointe-t-il: «Quoi qu’elle fasse, elle va soit alimenter les inquiétudes existantes sur sa partialité potentielle, soit décevoir les partisans de Trump».

(AFP)

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