EnquêtePlus d’un quart des Ukrainiens ne se voient pas quitter la Suisse
Entre manque d’espoir quant à la fin de la guerre ou instabilité économique et sociale, pour 27% des réfugiés ukrainiens en Suisse, un retour au pays n’est pas envisageable.
Près de deux ans après l’invasion russe de l’est de l’Ukraine, plus d’un quart des réfugiés ukrainiens en Suisse n’imaginent pas se réinstaller un jour dans leur pays d’origine. C’est ce que révèle une étude menée sur 2800 d’entre eux et publiée lundi par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) et Ipsos SA Suisse.
Sans surprise, la raison la plus évoquée (68%) pour expliquer cette peine à se projeter en dehors de la Suisse est la guerre. Celle-ci fait encore rage et nombre de réfugiés résidaient dans des zones qui sont toujours occupées. Autre conséquence directe du conflit qui sévit, la situation économique en Ukraine, notamment en termes d’occasions professionnelles, est également mentionnée par 24% des sondés.
Bien intégrés en Suisse
Mais certains des réfugiés qui ne se voient pas quitter la Suisse mentionnent également des facteurs qui ne sont pas entièrement liés à la guerre et ses implications. Ainsi, 34% des concernés motivent leur choix par le fait qu’ils sont bien intégrés en Suisse. Près du quart ont également coché la réponse «parce que mes enfants sont à l’école en Suisse» pour justifier cette absence d’envie de retourner au pays, et 21% disent avoir trouvé un travail stable ici.
Au total, ces réfugiés qui n’envisagent pas un retour au pays représentent 27% des quelque 66’000 Ukrainiens bénéficiant du statut S en Suisse début décembre, révèle l’étude. La part de ceux qui espèrent retrouver leurs terres est légèrement supérieure (env. 30%). Environ 2% imaginent même un retour dans les trois prochains moins. Le mal du pays semble s’accentuer avec l’âge, puisque les plus de 50 ans sont plus enclins à quitter la Suisse que les plus jeunes. L’indécision quant à un éventuel retour au pays reste cependant la réponse la plus largement adoptée par les sondés, avec 40% des votes.