BD: un nouveau Thorgal qui ne ressemble à aucun autre

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Bande dessinéeUn nouveau Thorgal qui ne ressemble à aucun autre

Robin Recht inaugure une série où des auteurs apporteront leur propre vision du célèbre Viking. Cela commence bien avec «Adieu Aaricia».

Michel Pralong
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Michel Pralong

La bande-annonce de «Adieu Aaricia».

Le Lombard

Aaricia est morte. L’amie d’enfance qui devint l’épouse de Thorgal n’a pas succombé au poignard de Kriss ou sous les griffes d’une bête sauvage. Elle s’est éteinte de vieillesse et son mari, inconsolable, pousse la barque où repose son corps au large, avant de l’enflammer. Ainsi débute «Adieu Aaricia».

Ce saut dans le temps n’est pas une bizarrerie de la série principale. Il s’agit d’une nouvelle collection, intitulée «Thorgal Saga». Si plusieurs séries dérivées ont déjà existé, chacune se centrant soit sur un autre personnage, soit sur la jeunesse du héros, celle-ci ressemble d’avantage à ce qui est fait notamment avec la collection «Spirou vu par…». Il s’agit de confier un héros à un auteur ou un duo d’auteurs qui y apporteront leur touche.

Il faut avouer que le concept, qui sert évidemment aussi à assurer des ventes en misant sur un personnage à succès, fonctionne plutôt bien. La majorité des Spirou faits ainsi sont excellents et il y a même des chefs-d’œuvre, comme les albums d’Émile Bravo. Les Lucky Luke vus par Matthieu Bonhomme sont remarquables également et le seul Blake et Mortimer qui a bénéficié d’un vrai traitement d’auteur, pas d’une suite classique de la série, c’est-à-dire celui réalisé par Schuiten, sort indéniablement du lot.

Alors oui à «Thorgal saga» s’il y a une vraie vision à chaque tome. Et Robin Recht ouvre plutôt bien les feux. Celui qu’on a pu remarquer avec «Elric» ou un tome de la série «Conan» sait couler son dessin dans celui de Rosinski. Ce n’est donc pas au niveau graphique qu’on sort donc de l’ordinaire, même s’il est injurieux de traiter le graphisme de Rosinski d’ordinaire.

Le luxe d’avoir 112 pages

Non, où Robin Recht fait preuve d’audace, c’est dans son histoire. Lui qui avait fait part en 2019 à l’éditeur de son rêve de dessiner Thorgal est arrivé à point nommé, puisque l’idée de la saga était dans l’air. On lui a demandé de soumettre une idée, il l’a fait et cela a été accepté. Outre des conseils de dessin de la part de Rosinski, il a en plus bénéficié d’un luxe énorme: celui de pouvoir étendre son récit sur 112 pages. Tant mieux, car l’aventure est palpitante et tient très bien la route.

Le serpent Nidhogg, ravi de voir Thorgal effondré par la mort d’Aaricia, va en profiter pour le tenter: lui proposer de replonger dans son passé pour tenter de modifier le destin. Un Thorgal vieux va donc rencontrer un Thorgal enfant et lui servir de mentor. Le duo formé d’un gamin impétueux et un héros vieillissant, perclus de faiblesses, est savoureux. Et puis, bien sûr, il y a la notion de destin inéluctable, si présente au cœur des aventures de Thorgal, qui donne tout son sel à ce récit. Alors oui, c’est un Thorgal de plus, mais il ne ressemble pas aux autres. On peut se réjouir des suivants.

«Thorgal; adieu Aaricia», par Robin Recht, Éd. Le Lombard, 112 pages

«Thorgal; adieu Aaricia», par Robin Recht, Éd. Le Lombard, 112 pages

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