CyclismeDillier: «A ce moment-là, on s’est dit que c’était une course folle»
La 118e édition de Paris-Roubaix a été marquée dimanche par des conditions dantesques. Meilleur Suisse sur les pavés du Nord, Silvan Dillier est revenu sur cette journée en Enfer.
- par
- Chris Geiger
«L’Enfer du Nord» portait bien son nom dimanche. Si Sonny Colbrelli (Bahrain Victorious) a triomphé au sprint après plus de six heures d’effort, les 94 coureurs ayant bouclé les 258 kilomètres au programme ont tous amplement mérité les applaudissements du public amassé dans le vélodrome André-Pétrieux.
Car après deux ans et demi de pause, la classique française avait réservé une météo cataclysmique au peloton. Au sein de ce dernier, Silvan Dillier, longtemps en évidence, a franchi la ligne d’arrivée avec le titre honorifique de meilleur Suisse (47e). «Ma selle s’est cassée dans la forêt d'Arenberg. C’est malheureusement à ce moment-là que j’ai perdu le contact avec le peloton des favoris. C’était dès lors impossible de revenir», a débuté l’Argovien, plutôt satisfait de sa course.
S’il est l’un des seuls coureurs à n’avoir connu ni crevaison, ni chute, le rouleur de l'équipe Alpecin-Fenix n’a pas pour autant connu un dimanche de tout repos. «C’était une journée assez difficile avec cette pluie et cette boue. Honnêtement, je n’ai jamais vu les pavés dans des conditions aussi mauvaises. Ça s’est malgré tout plutôt bien passé. Je pense que ça a été une grande bataille, mais avec plus de respect qu’à l’accoutumée, car tout le monde au sein du peloton était conscient que, si on ne se respectait pas, la course pouvait très mal se terminer», a poursuivi le coéquipier de Mathieu van der Poel (3e).
Avant de partager une anecdote improbable qui résume bien ce qu’était cette cuvée 2021. «J’étais dans le même groupe que Philippe (ndlr: Gilbert) quand la voiture d’un commissaire a perdu un pneu! C’était quelque chose que je n’avais jamais vu. D’ailleurs, j’espère bien ne plus jamais revivre une telle scène! A ce moment-là, on s’est quand même dit que c’était une course complètement folle», s’est marré celui qui avait frôlé la victoire il y a trois ans sur ces mêmes routes.
Atroce sur les vélos, la course l’a également été au sein des voitures des équipes. «Ce n’était pas possible de reconnaître nos coureurs. Ils se ressemblaient tous avec la boue. C’était donc aux coureurs de reconnaître nos voitures pour venir chercher des gourdes ou d’autres ravitaillements», a confié Grégory Rast, directeur sportif de la formation Trek-Segafredo.
Malgré les températures fraîches, le dirigeant zougois a sué au volant de son auto. «On a eu beaucoup de chutes, de crevaisons, de vélos cassés… Il a donc fallu bien communiquer entre les voitures, être bien organisés et se montrer prudents», a détaillé l’ancien coureur professionnel, forcément déçu des performances de ses leaders Jasper Stuyven (25e) et Mads Pedersen (abandon).
Malgré cette désillusion, Grégory Rast a apprécié le spectacle offert par les coureurs et leur bravoure. «Je pense que beaucoup de coureurs ont débuté la course timidement car ils avaient peur. Les conditions sur les pavés étaient, en effet, vraiment très mauvaises, mais c’est la tradition de cette course. Tout le monde n’est pas capable de rester sur son vélo, mais je pense qu’environ 50% du peloton a apprécié ces conditions. De toute manière, Paris-Roubaix est toujours dangereux et cette course a une grande place dans l’histoire du cyclisme. Personnellement, j’aime ces conditions, mais je comprends également que d’autres personnes ne puissent pas trouver cela normal, voire trop dangereux. Je pense toutefois que cette course spectaculaire a renvoyé une image positive du cyclisme», a conclu l’Helvète de 41 ans.
Gageons que les amateurs de la petite reine ont déjà coché la date du 17 avril 2022 dans leur agenda.