Les campagnes d’abattage de requins interdites

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Nouvelle-CalédonieLes campagnes d’abattage de requins interdites

La justice a donné gain de cause à une association qui réclamait l’abandon de la mesure introduite pour protéger les baigneurs.

Une pancarte signale le danger d’attaques de requins et indique la présence d’un périmètre sécurisé de baignade surveillée au sein d’un filet maritime nouvellement installé, sur une plage de la Baie des Citrons à Nouméa, Nouvelle-Calédonie, le 6 décembre 2023.

Une pancarte signale le danger d’attaques de requins et indique la présence d’un périmètre sécurisé de baignade surveillée au sein d’un filet maritime nouvellement installé, sur une plage de la Baie des Citrons à Nouméa, Nouvelle-Calédonie, le 6 décembre 2023.

AFP

Le tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie a donné raison jeudi à une association qui réclamait l’interdiction des campagnes d’abattage de requins, relancées début 2023 à Nouméa afin de protéger les baigneurs après deux attaques mortelles. La justice a annulé la décision prise par la maire de Nouméa, Sonia Lagarde (Renaissance), «de poursuivre les campagnes préventives de régulation de requins-tigres et bouledogues aux abords des plages situées sur le territoire de la commune», selon le jugement rendu public jeudi.

Le tribunal administratif a estimé que la décision de procéder à des campagnes d’abattage systématiques de requins «était disproportionnée au regard du but de protection de la vie humaine poursuivi, d’autant plus qu’aucune étude scientifique précise n’a été menée pour connaître l’état des populations des espèces ciblées, ni les effets sur l’environnement de tels prélèvements».

Mesure jugée disproportionnée

La province sud de Nouvelle-Calédonie était également visée par un recours de l’association calédonienne Ensemble pour la planète (EPLP). Le juge administratif y a également interdit l’abattage des requins, cette fois-ci dans les réserves maritimes. La collectivité, compétente en matière d’environnement, avait autorisé la mairie de Nouméa à conduire ces campagnes de pêche dans les réserves marines proches des côtes. Or «le principe d’une réserve est l’interdiction de toute pêche», peut-on lire dans le jugement consulté par l’AFP. Si le tribunal administratif reconnaît l’existence de dérogations, celles-ci doivent être «limitées» et «proportionnées», ce qui pour le tribunal n’a pas été le cas.

Le 29 janvier 2023, une enseignante avait été grièvement blessée par un requin alors qu’elle nageait à une centaine de mètres du bord de la plage du Château Royal, dans un quartier touristique de Nouméa. Trois semaines plus tard, une nouvelle attaque avait coûté la vie à un touriste australien, au même endroit. Un homme qui pratiquait la pêche sous-marine avait également succombé en juin après une attaque.

Une centaine de requins tués en 2023

Selon l’association de protection des océans Longitude 181, au total, 127 requins - 83 tigres et 44 bouledogues - ont été tués lors de campagnes d’abattage en 2023. Ce sont au total 203 animaux - 105 tigres et 98 bouledogues - qui ont été abattus depuis 2019, date à laquelle la pêche des squales avait été autorisée par la province sud à la suite d’une attaque qui avait grièvement blessé un enfant de 10 ans à Nouméa. La maire de Nouméa avait alors décidé d’interdire la baignade sur tout le territoire de la commune et de procéder à des campagnes mensuelles d’abattage de requins-tigres et bouledogues, deux espèces de squales de grande taille, le plus souvent impliquées dans les accidents avec l’homme.

Ces dernières années, le risque lié aux requins a fortement augmenté dans l’archipel, principalement à Nouméa. Selon une étude de l’Université de La Réunion, la commune n’avait jamais connu d’attaque de ce type avant 2010. Depuis cette date, 13 des 32 attaques qui se sont produites en Nouvelle-Calédonie ont eu lieu à Nouméa.

(AFP)

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