FootballLa Suisse de Yakin cherche le bon équilibre
Avant le Suisse – Portugal de ce dimanche à Genève (20 h 45), des orientations qui évoluent, deux M21 qui ont rejoint le groupe et une justesse à trouver.
- par
- Daniel Visentini Genève
Une défaite sans relief à Prague, une vraie gifle à Lisbonne, un revers, pas honteux cette fois, mais revers tout de même à Genève: c’est peu dire que la Suisse est à la peine en 2022 et dans cette Ligue des nations, où elle est la candidate No 1 à la relégation en deuxième division dans le groupe 2.
Et il y a ce dernier match de cette série de quatre en juin, avant les deux ultimes de septembre. Ce Suisse – Portugal, qui sonne déjà comme une revanche après la débâcle de dimanche dernier (4-0). Bien sûr, il faut prendre la Ligue des nations pour ce qu’elle est: une compétition qui remplace les matches amicaux d’avant. Elle en garde, un peu, parfois, les prérogatives: la possibilité de faire des tests, le côté moins vital du résultat, son rôle de préparation à quelque chose de bien plus grand, le Mondial au Qatar en fin d’année en l’occurrence. Et si la Suisse devait y briller, ces tâtonnements inquiétants seraient oubliés.
Tout cela est vrai. Mais, tout en étant moins qu’une phase qualificative à un grand tournoi (Euro ou Mondial) et encore moins bien sûr que leurs phases finales dédiées, la Ligue des nations est plus qu’une succession de tests amicaux. Elle convoque dans sa Ligue A les 16 meilleures nations européennes, dont la Suisse. Une Suisse qui peut donc se mesurer à ce qui se fait de mieux et en profiter pour progresser, dans le cadre d’une réelle compétition, avec un risque de relégation.
Les choix du sélectionneur
C’est dans ce cadre-là que Murat Yakin doit jongler avec les éléments. Il a dû composer sans Akanji, patron de la défense, pour les deux premières rencontres des 2 et 5 juin; il a dû envisager la totalité des quatre matches sans Zakaria (blessé), donc sans le volume de jeu du Genevois au milieu, gros vide laissé; il s’est essayé à des adaptations tactiques en République tchèque, plaçant Xhaka ailleurs qu’à son poste de prédilection en sélection, sans succès pour le groupe et en suscitant les interrogations de son capitaine sur ce choix; il opte toujours pour une défense à quatre, en laissait Rodriguez latéral gauche alors qu’il est à la peine.
Il s’obstine aussi à placer Fabian Frei (33 ans) en défense centrale (comme à Lisbonne, ou en amical à Wembley en mars), avec des conséquences fâcheuses. Face aux soucis (blessures), Yakin aurait pu passer à une défense à trois, la Suisse sait le faire, c’était son schéma avant son arrivée, cela permettait à Rodriguez de jouer comme en club, en central gauche, avec plus de sécurité globale.
Il a été décidé aussi de laisser Stergiou avec les M21, on peut le comprendre. Leonidas Stergiou est là désormais (depuis jeudi soir). À 20 ans, pour la défense centrale, il représente un peu plus l’avenir que Fabian Frei et ne va pas faire pire que lui. Il y a aussi Zeki Amdouni qui a rejoint le groupe jeudi soir également. Il a 21 ans, tout encore à prouver à ce niveau, mais il offre pareillement une solution supplémentaire, en attaque pour son cas. Mais Kastriot Imeri, lui, n’a pas été appelé, malgré la blessure de Bottani.
Trois matches, trois systèmes
Et puis il y a les orientations tactiques que Yakin aime revisiter. Beaucoup. Avec le risque d’une perte de repères? Un 4-4-2 à Prague. Un 4-2-3-1 à Lisbonne. Contre l’Espagne, jeudi, il a voulu une Suisse compacte et l’a disposée au départ en 4-1-4-1. Avec Xhaka en libéro du milieu, à la base. Problème: avec Freuler occupé par Gavi et Aebischer par Llorente, sans parler de Sarabia et Ferran Torres sur les côtés, Busquets jouait dans un fauteuil, sans être dérangé. Xhaka a réagi sur le terrain dès la 20e en montant plus haut pour gêner l’Espagnol.
Après, avec des ajustements, c’est Aebischer, puis Steffen (quand il est entré) qui ont collé aux basques du maître à jouer. Renato Steffen était donc, dans le 4-2-3-1 d’après la pause, au centre au milieu. Et Shaqiri restait à droite. «Oui, cela me permettait de faire attention à Busquets, confirme-t-il. Avec la volonté aussi d’être agressif, de trouver des espaces quand nous avions le ballon.»
Steffen: «Il faut être agressif»
Variations sur le thème de l’adaptation à l’adversaire, mais plus en rapport avec ce que la Suisse a fait ces dernières années, avec succès. Et le constat de Steffen: «C’est plus facile quand on met l’adversaire sous pression, on peut récupérer la balle plus haut, dit-il. Cet état d’esprit agressif, c’est ce qu’on doit montrer contre le Portugal ce dimanche.»
Le tout est de trouver le juste milieu et c’est ce que Murat Yakin laisse déjà entendre quand il dit qu’il ne «faut pas être naïf non plus.» On verra dimanche soir, dans un Stade de Genève plein, comment la Suisse s’articulera cette fois.