Un port-franc à la place du cigarettier à Boncourt? L’idée est fumante!

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JuraUn port-franc à la place du cigarettier? L’idée est fumante!

Le député jurassien Gauthier Corbat veut faire de Boncourt un deuxième Genève, avec une zone non soumise au service des douanes.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
La mairie de Boncourt est à droite de l’usine BAT. La commune jurassienne comprend une rangée de maisonnettes bordant la route cantonale jusqu’à la frontière, Delle (F) étant caractérisé par ses lotissements.

La mairie de Boncourt est à droite de l’usine BAT. La commune jurassienne comprend une rangée de maisonnettes bordant la route cantonale jusqu’à la frontière, Delle (F) étant caractérisé par ses lotissements.

lematin.ch/Marvin Ancian

Que faire de l’énorme usine bientôt désertée à Boncourt par le cigarettier britannique BAT, lequel supprime les 226 derniers emplois d’un site industriel qui a façonné l’image du village depuis 1814? Une idée fumante relayée par la radio «RFJ» émane du député jurassien Gauthier Corbat: pourquoi pas un port-franc, comme à Genève?

Gauthier Corbat pose une question écrite au gouvernement en lui demandant son avis: à lui de vérifier la faisabilité d’un port-franc défini comme une grande zone de stockage non-soumise aux taxes. Dans sa vision, le député ajoulot voit des marchands d’art, mais aussi des fabricants de montres et de machines désireux de négocier à l’écart de la douane, dans la discrétion.

C’est dramatique

À l’échelle du village frontalier de 1200 habitants, les infrastructures vendues par BAT sont surdimensionnées dans un paysage rural où le tabac poussait bien.  «Psychologiquement et socialement, c’est dramatique!» estime Gauthier Corbat.

Les ministres jurassiens jouent les intermédiaires pour attirer des entreprises à Boncourt, mais l’idée du député Gauthier Corbat réglerait d’un coup le sort d’une friche industrielle de 70 000 mètres carrés, idéale pour stocker des marchandises.

L’EuroAirport

L’élu de Vendlincourt imagine à Boncourt une vaste zone où les marchandises transiteraient sans être soumises aux droits de douane, de TVA ou de paiements de cautions. L’atout du site, c’est d’être connecté par le rail et la route avec la France, mais aussi avec l’Allemagne distante de 50 kilomètres et bien au-delà, par l’EuroAirport binational de Bâle-Mulhouse.

La similitude avec Genève saute aux yeux de Gauthier Corbat, qui a fait ses calculs: «Ce sont 100 000 m² d’entrepôts qui rapportent annuellement 12 millions de francs au canton de Genève», indique-t-il.

Boncourt peut-elle régater à côté de la plus grande zone d’entreposage et de logistique au monde en matière d’œuvres d’art et d’autres objets de valeur? «Pas en concurrence, mais en complémentarité pour le Nord-Ouest de la Suisse», répond le député.

Gauthier Corbat évoque la présence de la plateforme Biotec, capable de guider ses clients dans les procédures administratives à l’exportation comme à l’importation. «On a besoin de fluidité pour dédouaner des produits en provenance ou à destination de l’Union européenne», glisse l’entrepreneur impliqué avec sa scierie dans la nouvelle charpente de Notre-Dame de Paris.

Duty Free

«Un port-franc n’est rien d’autre qu’un Duty Free géant», s’exclame Gauthier Corbat, auteur d’une motion portant la réhabilitation des friches industrielles à l’abandon dans son canton. «Nous devons parvenir à exploiter ces vestiges en évitant le mitage du territoire et l’étalement des constructions», répète-t-il.

Comment passer de l’idée à la réalisation, sachant qu’un port-franc appartient à la Confédération? «C’est la question posée, mais je veux d’abord savoir si mon opinion est partagée…», sourit Gauthier Corbat. L’idée fumante finira-t-elle dans le cendrier?

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