ArméniePlus de 200 arrestations lors de manifestations
Plus de 200 personnes ont été arrêtées mardi, dans plusieurs villes d’Arménie, lors de manifestations de l’opposition qui accuse le Premier ministre, Nikol Pachinian, de vouloir abandonner l’enclave séparatiste du Nagorny Karabakh à l’Azerbaïdjan.
Le ministère arménien de l’Intérieur a indiqué dans un communiqué que 206 manifestants avaient été arrêtés mardi, à Erevan et plusieurs villes de province où les manifestants ont tenté de bloquer la circulation dans les rues, exigeant que le Premier ministre Nikol Pachinian démissionne. Des manifestations rassemblant des milliers de personnes à l’appel de l’opposition se poursuivent depuis dimanche, pour exiger la démission du Premier ministre. Il s’agit des manifestations anti-gouvernementales les plus importantes depuis les élections de septembre 2021, remportées par le parti de M. Pachinian.
Les services de sécurité arméniens ont mis en garde contre «une menace réelle de troubles dans le pays», mais le président du parlement Alen Simonian, allié de M. Pachinian, a minimisé le risque d’instabilité, affirmant qu’il n’y avait «pas de crise politique en Arménie». «Les forces politiques qui ont perdu les élections législatives en 2021 tentent agressivement d’organiser une vague de manifestations, mais nos citoyens ont déjà fait leur choix et se tiendront à l’écart de leurs tentatives», a-t-il déclaré mardi lors d’une conférence de presse.
«Panichian est un traître et les manifestations de rue permanentes, en augmentation, vont l’obliger à démissionner», a déclaré le vice-président du Parlement et dirigeant d’opposition Ichkhan Sagatelian. M. Sagatelian a annoncé une manifestation, mardi soir, place de France, dans le centre d’Erevan, où des milliers de personnes se sont déjà rassemblées dimanche et lundi, pour dénoncer la politique complaisante, selon l’opposition, de M. Pachinian vis-à-vis de l’Azerbaïdjan concernant l’enclave séparatiste Nagorny Karabakh.
Un symbole de la défaite
«Nikol doit partir, il partira, car il est un symbole de la défaite et l’Arménie n’a pas d’avenir avec un tel dirigeant», s’exclame l’un des manifestants, Serguéï Hovhannissian, un forgeron de 57 ans. «Il est prêt à abandonner le Karabakh, pour lequel nous avons versé notre sang», s’indigne-t-il auprès de l’AFP.
Le Nagorny Karabakh, que les deux pays se disputent depuis trente ans, a été l’enjeu en 2020 d’une guerre de six semaines qui a fait plus de 6500 morts avant un cessez-le-feu négocié par la Russie. Dans le cadre de cet accord, l’Arménie a cédé des pans entiers de territoires qu’elle contrôlait depuis une première guerre victorieuse au début des années 1990 et une force de paix russe est déployée au Nagorny Karabakh. En avril, le Premier ministre arménien a déclaré devant le parlement que «la communauté internationale appelle l’Arménie à réduire ses exigences sur le Nagorny Karabakh», des propos que l’opposition a dénoncés comme révélateurs d’une volonté de céder la totalité de ce territoire à l’Azerbaïdjan.
L’accord de cessez-le-feu, considéré en Arménie comme une humiliation nationale, avait déclenché des semaines de manifestations anti-gouvernementales, conduisant M. Pachinian à convoquer des élections législatives anticipées qui ont été remportées en septembre par son parti Contrat Civil. Les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh ont fait scission de l’Azerbaïdjan lors de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Le conflit qui en a résulté a fait environ 30’000 morts.