Formule 1: La course des occasions manquées

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Formule 1La course des occasions manquées

Monaco combiné à la pluie entraîne généralement un mélange explosif, qui peut bouleverser la hiérarchie habituelle. Mais cette année, quoi qu’il arrive, c’est manifestement Max Verstappen qui gagne!

Luc Domenjoz Monaco
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Luc Domenjoz Monaco

Aston Martin aurait pu faire mieux

Qualifié en première ligne, après avoir manqué la pole-position de 8 centièmes de seconde seulement, Fernando Alonso savait que le Grand Prix de Monaco constituait l’une de ses seules chances de victoire cette saison.

Son Aston Matin AMR23 possède deux qualités: elle freine légèrement plus efficacement que ses rivales, et Fernando Alonso peut aussi remettre les gaz légèrement plus tôt en sortie de virage. Ce qui est bénéfique sur les circuits lents, avec de gros freinages et de fortes accélérations, tels Monaco, Singapour ou Budapest. La Red Bull, à l’inverse, s’avère meilleure sur les courbes rapides et les lignes droites.

Mais hier, la seule chance de Fernando Alonso aurait été de chausser des pneus pluie au bon moment. Manque de vista, son écurie l’a rappelé pour chausser des gommes médiums lisses… deux minutes avant que l’averse n’oblige l’Espagnol à s’arrêter à nouveau pour des pneus intermédiaires. Du coup, les 20 secondes perdues par ce deuxième arrêt le mettaient hors du coup pour la victoire.

«C’est vrai, mais quand je me suis arrêté pour les pneus, la piste était encore sèche sur 99% de sa longueur, justifie-t-il. Il ne tombait que quelques gouttes entre les virages 5 et 8 (entre Mirabeau et le Portier, ndla). Et les prévisions se limitaient à quelques averses légères. Alors pourquoi aurions-nous mis les pneus pluie? Par contre, quand j’ai repris la piste, et que je suis repassé à cet endroit, j’ai tout de suite vu que c’était la catastrophe. On était à deux minutes près de prendre la bonne décision.»

Par contre, le pilote Aston Martin pense qu’il n’aurait pas pu battre Max Verstappen, même sans cette péripétie. «Je ne pense pas que nous avions la moindre chance aujourd’hui, pour être franc, a-t-il continué. On avait choisi une stratégie plutôt audacieuse avec les pneus durs au départ. Mais Max nous l’a réduite à zéro en allongeant son premier relais avec ses pneus médiums. Du coup, il n’y avait rien à tenter.»

Cette deuxième place constitue tout de même un excellent résultat pour l’écurie Aston Martin.

Wolff: de «horrible» à «pas bonne»

Toto Wolff s’est adressé à quelques journalistes après la course, pour commenter les qualités de la nouvelle version de la Mercedes, la W14 «B». «L’an dernier, nous n’étions nulle part sur ce circuit, admettait le patron de Mercedes. Cette année, les pilotes ont dit que la voiture n’était pas bonne. C’est donc déjà un progrès!»

En course, Lewis Hamilton s’est classé quatrième, juste derrière le podium d’Esteban Ocon, tandis que George Russell terminait derrière son équipier. «Ce n’est qu’à Barcelone, le week-end prochain, que nous en saurons plus sur cette voiture, poursuit Toto Wolff. Mais on va s’accrocher: après tout, l’an dernier, on a réussi à progresser et on a fini par gagner une course avec cette W13 ratée. Là, on part mieux avec ce nouveau concept, et on va le développer.»

Russell écœuré par lui-même

Cinquième à l’arrivée, George Russell n’arrêtait pas de pester contre lui-même. «J’aurais pu terminer tranquillement troisième, j’avais un podium quasiment assuré», répétait-il. «Devant moi, Esteban (Ocon) avait raté son arrêt pour changer les pneus (le Français y avait perdu beaucoup de temps, ndla), et Carlos Sainz a changé les siens trop tard. Je pouvais donc finir troisième, mais je ne sais pas, j’ai été distrait par les drapeaux jaunes (dus à la sortie de route de Lance Stroll, ndla), j’ai effleuré les freins au virage Mirabeau, et la voiture est partie tout droit.»

Quand il a repris la piste, Esteban Ocon et Lewis Hamilton étaient passés, et en plus, le Britannique a été condamné à cinq secondes de pénalité pour avoir repris la piste sans voir que Sergio Perez arrivait. Une belle occasion de podium qui se transforme en cinquième place.

Verstappen: le mur m’a remis en piste

Monaco se pose comme un circuit très difficile, où il ne faut toucher aucune barrière pendant 78 tours. Mais Monaco sous la pluie, c’est encore pire, les pilotes ne doivent alors quasiment pas effleurer leur pédale de freins sous peine de bloquer les roues!

Max Verstappen a pu s’en rendre compte quand sa voiture s’est mise en travers au virage du Portier, juste avant le tunnel. «J’ai totalement perdu le contrôle de l’arrière», racontait le vainqueur. «Et je n’arrivais plus à rattraper la voiture. Elle glissait, j’ai essayé de la mettre en travers, de faire du «drift», mais j’ai tapé le rail, et en réalité, ça l’a remise sur la bonne trajectoire!»

Une chance incroyable, mais aussi la preuve de la robustesse de la Red Bull RB19. La veille, lors des qualifications, Max Verstappen avait déjà tapé le rail à deux reprises dans son dernier tour, sans causer de dégât à sa monoplace.

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