Conflit Israël-HamasComment gouverner Gaza après la guerre?
Israël, qui a promis d’éradiquer le Hamas, et son allié américain planchent sur le casse-tête de l’après-guerre à Gaza.
Israël, qui a promis d’éradiquer le Hamas, et son allié américain planchent sur l’après-guerre à Gaza, Washington évoquant un retour de l’Autorité palestinienne, pour qui l’idée de reprendre un territoire en ruine dans le sillage des chars israéliens est un véritable repoussoir. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a estimé fin octobre que l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas devrait à l’issue de la guerre reprendre le contrôle de la bande de Gaza et que des tierces parties internationales pourraient aussi jouer un rôle lors d’une période intérimaire.
Pour le moment, l’Autorité palestinienne exerce un pouvoir limité en Cisjordanie. En 2007, elle a été délogée de Gaza par le Hamas. Mais Mahmoud Abbas a opposé une fin de non-recevoir lors d’un entretien avec Antony Blinken le 5 novembre à Ramallah, en conditionnant un retour de l’Autorité palestinienne à Gaza à un règlement «global» comprenant aussi les autres territoires occupés par Israël: la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Le chef de la diplomatie américaine a de nouveau proposé ce scénario quelques jours plus tard, émettant le vœu d’avoir la bande de Gaza «unifiée» avec la Cisjordanie après la guerre.
«Sur un char»
«Je ne crois pas qu’un quelconque acteur acceptera de gouverner Gaza dans ces circonstances. Aucun Palestinien, aucune personne sensée n’acceptera de retourner à Gaza sur un char américain ou israélien», estime Hassan Khreicha, ancien numéro deux du Parlement dissout de l’Autorité palestinienne. Dans une récente note, l’International Crisis Group (ICG) a estimé qu’il y avait peu d’espoir que l’Autorité palestinienne, déjà profondément impopulaire, puisse retourner à Gaza à la suite d’une invasion israélienne et ne soit pas «traitée comme un ennemi».
Un haut responsable du Hamas, Oussama Hamdane, a affirmé le 6 novembre que son mouvement n’accepterait pas «un gouvernement de Vichy» dans ce territoire, en référence au régime collaborationniste français sous l’occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale. «Notre peuple ne permettra pas aux États-Unis d’imposer ses plans visant à créer une administration qui lui convienne et qui convienne à l’occupation (Israël)", a-t-il ajouté.
«L’après-Palestine»
Pour le numéro deux du mouvement, Saleh Arouri, «ceux qui parlent avec l’Autorité palestinienne et des dirigeants de la région de l’après-Hamas mènent une guerre psychologique. Parler de l’après-Hamas, c’est parler de l’après-Palestine.» Vendredi, c’était au tour du Jihad islamique, influent groupe armé évoluant dans l’ombre du Hamas dans la bande de Gaza, de rejeter tout futur pouvoir qui y serait imposé.
«Si une force internationale devait être déployée pour gouverner Gaza pour le compte de l’occupant, elle serait considérée comme une force d’occupation et combattue par le peuple palestinien», a déclaré le numéro deux du groupe terroriste, Mohammad al-Hindi depuis Beyrouth. «Comment l’Autorité palestinienne pourrait-elle revenir sur un char israélien après tous ces massacres pour gouverner la bande de Gaza? Qui va reconstruire toutes les villes qui ont été détruites?»
Pour Majed al-Arouri, personnalité connue de la société civile à Ramallah, tous les scénarios évoqués restent à ce stade des plans sur la comète sans visibilité sur l’issue de la guerre. «On sait tous comment la guerre a commencé, mais personne ne sait comment ni sur quel territoire elle va finir.»
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