Jura bernoisL’assaillant à la hache déclaré irresponsable
L’assisté social qui s’en était violemment pris à ses voisins du dessous risque une mesure thérapeutique institutionnelle en milieu fermé.
- par
- Vincent Donzé
L’attaque à la hache s’est produite à Malleray (BE) le 2 mars 2021. Celui qui a porté des coups contre la porte d’un appartement dans un immeuble locatif occupe le Tribunal régional Jura bernois – Seeland. Accusé de tentative de meurtre, voire d’assassinat, l’assaillant de 63 ans sera jugé le 14 juin prochain, mais les trois juges ont déjà entendu un expert en psychiatrie.
L’assaillant est sorti de ses gonds en raison d’un bruit provenant de la porte de l’ascenseur, rien de plus. Croyant ouvrir à un copain venu le chercher ce mardi-là à 15 h 30, un garçon de 12 ans s’est retrouvé nez à nez avec le locataire placé au dernier étage par les services sociaux. Que s’est-il passé ensuite? Des coups portés à la porte indiquent qu’après avoir sonné, le voisin a tout fait pour la maintenir entrouverte.
L’agresseur a proféré insultes et menaces, hurlant qu’il allait leur couper la tête. Selon le voisinage, il s’en est pris à la maman, qui s’est protégée avec une caissette en bois. Son fils en a profité pour se saisir d’un couteau et le frapper dans le dos. «C’est lui qui a porté les coups pour défendre sa maman», a confirmé un voisin.
Qui est P. I., ce locataire serviable avec les aînés de l’immeuble qui disait toujours «bonjour» dans l’ascenseur? Il est question d’un délire paranoïaque, d’un état psychique fluctuant nécessitant un suivi régulier, comme l’ont rapporté «Le Journal du Jura» et «Le Quotidien Jurassien».
L’agresseur était sommé de quitter son appartement trois mois plus tard. Pour des moqueries et des bruits prétendument intentionnels, il s’était disputé avec le fils de sa voisine. Menaçant, il laissait sous-entendre qu’il pourrait arriver des bricoles à «ces Portugais», comme l’a rapporté «Le Journal du Jura».
Détenu à la prison de la plaine de l’Orbe (VD), le prévenu a été déclaré irresponsable. Selon le code de procédure pénal, il ne peut pas être reconnu coupable: le Ministère public demandera une mesure thérapeutique institutionnelle en milieu fermé. Selon le Dr François Monnet, ce sexagénaire pense que des gens ont utilisé le fils de sa voisine pour lui pourrir la vie, d’où un diagnostic de paranoïa.
Une amélioration de son état passe par un traitement médicamenteux et un travail psychothérapeutique, mais le risque de récidive est élevé. Dans son ordinateur, les enquêteurs ont retrouvé des fichiers contenant de la pédopornographie. Une tentative de suicide lui est attribuée. Selon l’expert, des effondrements dépressifs existent en cas de délires paranoïaques.
La maman s’en est tirée avec de légères blessures à un coude et à un bras, mais le choc post-traumatique est violent: stress, peur constante, hallucinations auditives, humeur dépressive…