Réseaux sociauxMeta: moins d’utilisateurs sur Facebook et profits en recul
Les usagers de Meta, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, ont stagné au 4e trimestre. L'action de la société dégringolait de 22% dans les échanges après-Bourse.
C'est un constat sans précédent pour Meta, la maison mère de Facebook et Instagram: le nombre d’utilisateurs de ses plateformes a stagné en fin d’année et son bénéfice net a baissé au quatrième trimestre. Au 31 décembre 2021, 2,8 milliards de personnes fréquentaient l’un de ses quatre services (Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp) au moins une fois par jour et 3,6 milliards au moins une fois par mois. Des chiffres en légère augmentation sur un an, mais quasi équivalents à ceux du troisième trimestre.
Plateformes concurrentes
Le réseau social d’origine, Facebook, a, lui, perdu environ 1 million d’utilisateurs quotidiens actifs en trois mois (1,929 milliard fin décembre). Dave Weiner, le directeur financier du groupe, a cité une comparaison défavorable avec les mois précédents, quand la résurgence du Covid en Asie aurait accéléré l’adoption du service. «Nous pensons aussi que des plateformes concurrentes nuisent à notre croissance, notamment auprès des jeunes audiences», a-t-il précisé lors d’une conférence téléphonique pour les analystes.
Succès de TikTok
«Les gens ont beaucoup de choix sur la façon dont ils veulent passer leur temps. Et des apps comme TikTok grandissent très vite», a insisté Mark Zuckerberg, le fondateur et patron de Meta. Les dirigeants de la société ont évoqué la concurrence de TikTok mais aussi d’autres réseaux à plusieurs reprises, alors qu’ils font face à de nombreuses enquêtes et plaintes pour abus de position dominante.
«Reels» moins lucratifs
Du côté des finances, Meta a réalisé un chiffre d’affaires de 33,67 milliards de dollars, conforme à ses prévisions, mais il n’en a dégagé «que» 10,3 milliards de dollars de bénéfice net au quatrième trimestre, soit 8% de moins que l’an passé. Son titre dévissait de plus de 22% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York mercredi.
À titre d’explication pour cette performance décevante, Meta a mentionné la concurrence et les difficultés sur la chaîne d’approvisionnement dont souffrent ses clients, les annonceurs. Le groupe californien a aussi noté que ses usagers passaient plus de temps sur les «Reels», un format de vidéos courtes inspiré de l’application TikTok «qui génère des taux de rémunération moins élevés» que les formats classiques d’Instagram.
Apple grignote les marges
Surtout, il avait prévenu que les règles imposées par Apple l’année dernière en matière de ciblage publicitaire risquaient d’avoir des conséquences négatives sur ses résultats. La marque à la pomme exige des éditeurs d’apps qu’ils demandent la permission de collecter des données, au grand regret de sociétés comme Meta dont le modèle économique repose sur la vente de publicités personnalisées en fonction des goûts des consommateurs.
Ce changement éthique et technique «affecte la capacité de Meta à évaluer la performance des campagnes publicitaires», a commenté Debra Aho Williamson, analyste chez eMarketer. «Nous estimons que certains annonceurs ont commencé à se retirer en partie de Meta fin 2021 et début 2022, pour tester des canaux numériques alternatifs.»
Coûteux métavers
Ce sont les premiers résultats que le groupe américain publie depuis son changement de nom fin octobre. Mark Zuckerberg avait alors annoncé vouloir se concentrer sur le «métavers», considéré dans la Silicon Valley comme l’avenir de l’internet: un univers parallèle où le public utilisera des lunettes de réalité augmentée ou virtuelle pour interagir, travailler ou se divertir.
Mais sa construction se traduit pour l’instant en dizaines de milliards de dollars de dépenses. «Il y a beaucoup d’incertitudes autour de ces investissements», a noté Mme Williamson. La confiance des investisseurs est aussi entamée par l’échec majeur de Diem, le projet de monnaie numérique lancé en grande pompe en 2019 pour offrir un nouveau mode de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels. L’entité indépendante qui s’en occupait a fait savoir lundi qu’elle allait se démanteler faute d’avoir su convaincre les régulateurs.