JuraLa cigogne Porrentruy portée par la tempête
L’échassier bagué et équipé d’une balise a profité d’une tempête pour battre son record: 780 kilomètres en un jour!
- par
- Vincent Donzé
La cigogne «Porrentruy» n’en finit pas d’étonner son parrain, le biologiste jurassien Michel Juillard. Grâce à la balise fixée sur son dos il y a cinq ans, l’animateur de la Fondation des Marais de Damphreux sait tout sur sa protégée. Ainsi, le 13 février 2022, il a pu déterminer que «grâce à des vents soufflant vers le nord-est», elle a parcouru 550 km en un jour.
Rebelote le 18 février, avec un nouveau record à la clef: 780 kilomètres en un jour! Une performance facilitée par la tempête Eunice qui a touché le nord-est de la France et s’est déplacée vers la Belgique, la Hollande et le nord de l’Allemagne.
Les forts vents qui soufflaient en direction du nord-est, avec des pointes de 110 à 120 km/h, ont littéralement porté «Porrentruy». Ultime étape racontée par Michel Juillard: «Le 19 février, elle a effectué un dernier grand vol de 270 km pour rejoindre son nid de l’an dernier, dans le village d’Emboquez (Basse-Saxe), en Allemagne, à l’ouest de Hambourg».
Pour la cigogne blanche «Porrentruy», la nidification 2022 a commencé du côté de Hambourg après une migration prénuptiale de 2200 km entamée le 8 février à Madrid. La balise GPS fixée sur son dos le 24 juin 2017 permet de la géolocaliser trois fois par jour à 8 h, 16 h et 24 h.
La migration prénuptiale est désormais engagée pour des milliers de cigognes blanches qui remontent l’Europe en provenance de l’Afrique subsaharienne, de l’Espagne et du Portugal, avec pour objectif leurs lieux de reproduction en France, en Suisse, ou en Allemagne.
Les aventures de «Porrentruy» font écho à celle de «Max», la première cigogne équipée d’une balise par le Musée d’histoire naturelle de Fribourg. L’échassier né en 1999 est mort à 13 ans, en Espagne. Sa longue odyssée l’a menée jusqu’au Maroc, mais elle a réduit la voilure en limitant sa migration à l’Espagne, comme le fait «Porrentruy».
«Max» passait certains étés à manger des déchets ménagers sur une décharge publique proche de Madrid. Michel Juillard connaît la musique: en s’établissant dans la décharge contrôlée de Pinto, «Porrentruy» a trouvé une nourriture suffisante dans les détritus déversés par des camions à ordures. «Des milliers de goélands et de corvidés, ainsi que de très nombreuses cigognes fréquentent ces sites journellement, près des beaux hôtels», précisait Michel Juillard après un séjour effectué en 2019.
Lors de ses migrations, la femelle fribourgeoise «Max» parcourait le plus souvent entre 100 et 300 kilomètres par jour à une vitesse de croisière de 90 km/h. Elle est morte à proximité de lignes électriques avec plus de 60 000 km au compteur. Avec des vents favorables, les étapes atteignaient parfois de 400 kilomètres, voire plus de 500 kilomètres. Loin, très loin des 780 kilomètres de «Porrentruy».