Confit israélo-palestinienLa tension s’exacerbe sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem
Les forces de police israélienne sont intervenues après des jets de pierre de jeunes Palestiniens sur l’Esplanade des mosquées. Les tensions redoublent.
Des nouveaux heurts entre policiers israéliens et manifestants palestiniens ont fait plus d’une trentaine de blessés vendredi matin sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, lieu au cœur de tensions qui ont débordé ces derniers jours jusque dans la bande de Gaza.
Ces tensions interviennent un mois jour pour jour après une série d’attaques sanglantes ayant fait 14 morts en Israël. Tôt vendredi matin, le forces de police israéliennes sont entrées sur l’esplanade, troisième lieu saint de l’islam et site le plus sacré du judaïsme sous son nom de mont du Temple, et des jeunes Palestiniens ont lancé des pierres dans leur direction, a constaté un journaliste de l’AFP.
Drapeau du Hamas
Selon la police israélienne, vers 4 heures du matin, des «émeutiers masqués et arborant des drapeaux du Hamas» palestinien, ont lancé des pierres en direction du mur des Lamentations, site de prière le plus sacré du judaïsme, situé en contrebas de l’esplanade des Mosquées, dans la vieille ville de Jérusalem.
Le Croissant-Rouge palestinien a fait état d’au moins 31 blessés, dont deux grièvement et une dizaine qui ont été évacués vers des hôpitaux locaux. Après les affrontements ayant fait plus de 200 blessés depuis une semaine, les autorités israéliennes ont fermé ce weekend les points de passage permettant aux Palestiniens de Cisjordanie occupée de se rendre à Jérusalem.
Cela n’a pas empêché Thaer, 22 ans, de traverser «illégalement», dit-il à l’AFP. «Nous avons quitté Naplouse (nord de la Cisjordanie) hier soir vers 22 heures. Nous avons grimpé le mur de séparation grâce à des cordes pour arriver vers minuit à Al-Aqsa», nom arabe de l’esplanade des Mosquées. «J’ai prié, j’ai dormi environ une heure et me suis réveillé au son des affrontements».
Accalmie
Après des échanges de jets de pierres et de tirs de balles en caoutchouc tôt en matinée, des milliers de fidèles ont fait la prière de la mi-journée à la faveur d’une accalmie en ce troisième vendredi du mois sacré musulman du ramadan, qui coïncide avec la fin des célébrations de Pessah, la pâque juive.
Ces tensions interviennent un mois jour pour jour après une série d’attaques sanglantes en Israël, dont deux ont été perpétrées par des Palestiniens dans la métropole Tel-Aviv, ayant fait 14 morts.
Depuis les attaques de Tel-Aviv, 24 Palestiniens, dont des assaillants, ont été tués dans des affrontements ou incidents en Cisjordanie avec les forces israéliennes, notamment un jeune de 20 ans originaire de Jénine ayant succombé vendredi à des blessures subies la semaine dernière.
Cette nouvelle escalade a entraîné aussi des tirs de roquettes de groupes armés palestiniens depuis la bande de Gaza vers Israël et des frappes israéliennes en représailles sur cette enclave palestinienne de 2,3 millions d’habitants, sous blocus israélien et contrôlée par le Hamas islamiste, qui dit vouloir défendre l’esplanade des Mosquées.
Les tirs de roquettes de Gaza cette semaine, qui n’ont pas fait de blessés, sont les plus importants depuis la guerre meurtrière de 11 jours ayant opposé en mai 2021 le Hamas à Israël après des semaines de tensions à Jérusalem.
Statu quo?
La présence sur l’esplanade des Mosquées pendant le ramadan de nombreux juifs – autorisés à visiter le lieu sous certaines conditions et à des heures précises sans y prier, d’après le statu quo en vigueur – et le déploiement sur place de forces policières ont été largement perçus par des Palestiniens et plusieurs pays de la région comme un geste de «provocation».
Plusieurs ministres arabes réunis dans la capitale jordanienne ont ainsi condamné «les attaques et les violations israéliennes contre les fidèles de la mosquée Al-Aqsa», sur l’esplanade des Mosquées, site administré par la Jordanie, mais dont l’accès est contrôlé par l’Etat hébreu.
«Israël préserve et continuera de préserver le statu quo sur le mont du Temple» mais «nous n’accepterons en aucun cas des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza», a déclaré jeudi le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid.
Celui-ci venait de rencontrer la secrétaire d’Etat américaine adjointe pour les affaires du Proche-Orient, Yaël Lempert, et l’émissaire chargé des relations israélo-palestiniennes, Hady Amr.
Les deux responsables américains se sont ensuite entretenus jeudi soir avec les dirigeants de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui siège en Cisjordanie occupée.
«Le président (Abbas) a demandé l’intervention en urgence de l’administration américaine afin de mettre fin une fois pour toutes à l’escalade israélienne dans les Territoires palestiniens», a déclaré après la rencontre Hussein al-Cheikh, un ténor de l’Autorité palestinienne.
Pour sa part, le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a fait part vendredi de «sa profonde inquiétude» face aux violences depuis un mois en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés.