Exportations d’armes: record en 2022«L’industrie prétend hypocritement être sur le point de s'effondrer»
Le Secrétariat d’État à l’économie a publié mardi le bilan des exportations de matériel de guerre l’an dernier. Le Qatar détrône l’Allemagne comme premier acheteur.
- par
- Yannick Weber
Lundi, le président du PLR, Thierry Burkart, plaidait pour assouplir les règles sur les exportations d’armes parce qu’il s’inquiétait pour l’industrie suisse. Il aurait peut-être dû attendre un jour de plus: mardi, le bilan des exportations de matériel de guerre suisse est sorti. Et l’industrie se porte au mieux. En 2022, il est sorti de notre pays des armes pour un total de 955 millions de francs. Ce qui n’est autre qu’un record absolu.
Ce boom est surtout dû à un nouveau client très prompt à mettre la main au porte-monnaie: le Qatar. En 2021, le Qatar était à la 32e position des pays acheteurs avec un total de 2,2 millions de francs. En 2022, il est passé… à la première place. Montant total des achats: 213,4 millions de francs (+9600%). Il s’agit surtout d’un gros contrat, avec l’envoi de systèmes antiaériens de défense pour 194 millions de francs.
Industrie en péril? Des «hypocrites»
Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) n’a pas manqué de réagir dès la publication du rapport. «L’industrie de l'armement prétend hypocritement être sur le point de s'effondrer», dit le groupe dans son communiqué, dénonçant un «discours mensonger» et parlant d’une année 2022 qui est un «triste record». «Il est honteux de voir comment on tente de relier ce débat au soutien à l'Ukraine, alors qu'il ne s'agit manifestement que des profits de l'industrie de l'armement», estime Pauline Schneider, secrétaire générale du GSsA. «Le Qatar et l'Arabie saoudite représentent un tiers des exportations. Ce n'est pas d'un assouplissement des règles d'exportation dont nous avons besoin, mais d'un nouveau durcissement», ajoute Kilian Bello, également secrétaire politique du GSsA.
Des bombes et des roquettes
Concernant les types d’armes envoyées, on peut noter que la Suède est notre premier acheteur dans la catégorie «bombes, torpilles, roquettes, missiles», suivie par la France et l’Allemagne. L’Allemagne (131 millions) est d’ailleurs reléguée au 3e rang des acheteurs, dépassée par le Danemark (136 millions) qui nous a acheté des véhicules blindés à roue. Pour compléter le top 5, on trouve l’Arabie saoudite et les États-Unis.
La moitié de la valeur totale constitue des véhicules blindés ou des munitions. Dans la liste des pays acheteurs, il y a bien sûr deux grands absents: l’Ukraine et la Russie. Depuis 2014 et l’annexion russe de la Crimée, la Suisse refuse toute demande puisque les deux pays sont impliqués dans un conflit armé. À noter que le Seco a aussi refusé quatorze demandes d’autorisations de pays africains, asiatiques ou sud-américains en 2022.
Ne ratez plus aucune info
Pour rester informé(e) sur vos thématiques préférées et ne rien manquer de l’actualité, inscrivez-vous à notre newsletter et recevez chaque jour, directement dans votre boite mail, l’essentiel des infos de la journée.