Open d’AustralieDjokovic et Tsitsipas préparent la finale en jouant les amnésiques
Les deux finalistes de l’Open d’Australie (9 heures dimanche) se sont livrés à une étonnante passe d’armes médiatique, plus ou moins volontaire.
- par
- Mathieu Aeschmann
Il n’y a plus qu’un homme pour se dresser entre Novak Djokovic et son dixième Open d’Australie. Porté par une énorme envie et la très bruyante colonie grecque de Melbourne, Stefanos Tsitsipas est le dernier recours à ce qui semble inéluctable depuis treize jours. A-t-il une chance de renverser la statue «Nole», grand patron de la Rod Laver Arena? Seul sur son art perché, le Serbe n’a égaré qu’un seul set en six matches (Enzo Couacaud au 2e tour). Il semble tellement en contrôle que son seul adversaire aura finalement été une cuisse douloureuse. Or cette domination va-t-elle jusqu’à effacer ses souvenirs et l’identité de qui se trouve de l’autre côté du filet?
C’est la question que se pose la caravane des suiveurs depuis un étrange passage de sa conférence de presse du 23 janvier, après sa victoire facile face à Alex De Minaur. Invité à réagir au faible niveau d’expérience des «survivants» de la partie basse du tableau, le Serbe se lança dans une explication qui vira au lapsus. «Tsitsipas est assurément le plus expérimenté des quarts de finalistes (de ce côté). Il s’est retrouvé quelques fois déjà dans l’emballage final d’un Grand Chelem mais il n’a jamais disputé une finale. C’est ça, je ne me trompe pas?»
Lapsus ou «trash-talking»?
Si. Et pas qu’un peu; puisque les journalistes présents rappelèrent à Novak Djokovic qu’il avait remonté un déficit de deux sets pour remporter la finale de Roland-Garros 2021 contre le Grec. «Oh, excuse-moi. Je la prends pour moi», s’excusa un Djoko visiblement sincère. Reste que le lapsus eut un effet dévastateur sur le déjà faible niveau de confiance du reste du tableau face au «monstre» Djokovic. En effet, imaginez le niveau de confiance d’un joueur – et son sentiment de routine – s’il vient à oublier l’identité de ses adversaires en finale de Grand Chelem.
Comment faire pour retourner cet ascendant psychologique pris a priori involontairement par le Serbe. Vendredi, Stefanos Tsitsipas a choisi l’humour avec pas mal de réussite. «L’autre jour, Novak avait oublié votre finale de Roland-Garros. Vous y voyez un lapsus ou l’envie d’entrer dans votre tête?» lui demanda un confrère après sa victoire face à Khachanov. «Quelle finale? Je ne m’en rappelle plus non plus», répondit le Grec en provoquant l’hilarité générale.
En acceptant le jeu du «trash-talking», Stefanos Tsitsipas a envoyé un premier message, le plus simple: il entrera sur le court, dimanche matin, avec la conviction de pouvoir ouvrir son compteur en Grand Chelem. C’est un préalable. La suite s’annonce beaucoup plus compliquée. Mais après tout, puisque le vainqueur de ce match sera No 1 mondial lundi, c’est que le Grec n’a rien volé. Ni oublié.