Procès en FranceLe fils de Monique Olivier et de Michel Fourniret livre son récit
Celui qui se définit comme «fruit d’un accident» est venu témoigner mercredi au procès de sa mère, ex-femme du tueur en série Fourniret.
«Personne ne t’attend dehors, t’as quoi à cacher? Libère-toi d’un poids!», a lancé mercredi Selim Olivier à sa mère, Monique Olivier, jugée à Nanterre pour complicité dans trois enlèvements et meurtres de Michel Fourniret depuis le 28 novembre.
«Je ne suis pas ton fils»
«Tu vas pas me faire la morale! J’ai dit tout ce qu’il y a à dire!», lui a-t-elle alors sèchement répondu. «Et puis enlève ce déguisement, tu ressembles à ton père!», le provoque-t-elle. Selim, 35 ans, est venu témoigner engoncé dans une doudoune bleue fermée jusqu’au cou, les mains dans les poches, une perruque sur la tête, de grosses lunettes sur le nez et une fausse moustache. C’est son premier passage devant une Cour d’assises.
«Je ne suis pas ton fils, tu n’es pas ma mère!», lui a dit celui qui se définit comme «fruit d’un accident» entre Michel Fourniret et Monique Olivier, et ne dit jamais «mon père» et «ma mère», mais «Michel» et «Monique». La dernière fois que mère et fils se sont vus, c’était en septembre 2022, lors d’une confrontation devant la juge d’instruction Sabine Kheris. Après avoir refusé de venir physiquement à Nanterre, affirmant qu’il est malade, et s’être vu accorder une visioconférence, au grand dam des avocats des parties civiles, il avait demandé le huis clos partiel, disant craindre pour sa sécurité et ne pas vouloir s’exposer dans la presse. Refus du président, Didier Safar. «La justice se rend publiquement», avaient rappelé les avocats généraux.
Un père «autoritaire»
En 2008, Michel Fourniret, père de Selim, avait refusé de s’exprimer devant la Cour d’assises des Ardennes sans huis clos. Il avait été condamné à la perpétuité incompressible. «J’espère vous apporter des éléments qui pourront vous aider, et aider les familles des victimes», a déclaré Selim au début de sa courte déposition entrecoupée de quintes de toux, qui se sont toutefois estompées au fil de l’audition. Et d’ajouter: «tout ce que je peux demander, c’est à Monique Olivier d’aider, de se libérer d’un poids, d’aider les familles à faire leur deuil».
Il a ensuite raconté son enfance, avec «Michel» qui «n’était pas un père proche» ni aimant mais «autoritaire», et «Monique»: «nous étions proches elle et moi, nous étions bien». Interrogé sur l’affaire Estelle Mouzin – il avait 14 ans et demi quand la fillette a été enlevée le 9 janvier 2003 – il a affirmé n’avoir «vu personne», ni rien entendu. «Je n’ai pas vu de comportement sortant de l’ordinaire de Michel et Monique», a-t-il ajouté, disant qu’il était «peu probable» qu’une petite «cousine» soit venue chez eux «sans ses parents».
«Rien ne remonte»
Et s’il avait vu Estelle «en panique» au domicile familial de Sart-Custinne en Belgique, «ça m’aurait marqué», a-t-il répondu à Me Didier Seban, avocat de la famille Mouzin. «Régulièrement, j’essaye de penser à cette époque passée, voir si je peux apporter des éléments de réponse» aux familles, «mais rien ne remonte», raconte-t-il, pour justifier ses nombreux «je ne me souviens plus». Tout ce qu’il a appris sur ses parents, il l’a su «par les médias», a-t-il répété, disant avoir été «horrifié» de voir que sa mère «n’était pas une victime comme je le pensais».
Interrogée sur les propos de son fils, Monique Olivier pointe «quelques erreurs factuelles» dans la déposition de Selim. «Il vous a demandé de tout nous dire, et vous répondez «je peux pas en dire plus»», lui a ensuite lancé Me Seban. «Je peux pas vous donner plus de détails, j’en sais pas plus, je suis désolée», a-t-elle répondu, comme à son habitude.