Turquie: Incertitude dans la dernière ligne droite électorale

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TurquieL’incertitude règne dans la dernière ligne droite électorale

Alors que les sondages sont interdits depuis le 4 mai, le scrutin de dimanche est celui de tous les dangers pour le président turc Erdogan. L’opposition espère le renverser par les urnes, même au second tour.

Les Turcs de l’étranger avaient jusqu’à ce mardi pour aller voter (ici le consulat à Vienne, en Autriche).

Les Turcs de l’étranger avaient jusqu’à ce mardi pour aller voter (ici le consulat à Vienne, en Autriche).

AFP

À Paris, Berlin ou Copenhague, les Turcs de l’étranger votent encore jusqu’à ce mardi soir, avant que la Turquie ne se rende aux urnes dimanche, pour des élections présidentielle et législatives menaçantes pour le chef de l’État Recep Tayyip Erdogan.

Au pouvoir depuis vingt ans, le président turc affronte pour la première fois une alliance de six formations de l’opposition, emmenée par le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu. Recep Tayyip Erdogan, qui s’est allié à des formations ultranationaliste et islamistes, doit en outre composer avec une crise économique qui a entamé sa popularité.

Selon les données du Haut Comité électoral turc, 51% des 3,4 millions d’électeurs inscrits à l’étranger avaient voté lundi soir, une participation en légère hausse par rapport à 2018. Il y a cinq ans, les Turcs de l’étranger, qui représentent 5% environ des 64,1 millions d’électeurs turcs, avaient voté dès le premier tour à près de 60% pour Recep Tayyip Erdogan, contre 52,6% de l’ensemble des Turcs.

Sacs scellés acheminés par les airs

Les bureaux de vote, qui avaient ouvert le 27 avril dans 73 pays, ont déjà fermé dans plusieurs d’entre eux, dont les États-Unis et le Canada, d’où d’immenses sacs blancs scellés remplis de bulletins de vote ont commencé à être acheminés par avion vers la Turquie.

Devant les bureaux de vote de plusieurs capitales européennes, de longues files se sont formées ces deux dernières semaines, au moment où la campagne électorale s’accélérait en Turquie. «Je suis ici parce que la situation en Turquie est terrible», confiait Kutay Yilmaz, 29 ans, le jour de l’ouverture des bureaux de vote à Berlin. «Je veux retourner un jour en Turquie. C’est pour cela que je suis venu voter. Je veux que le dirigeant change.»

Des incidents sont survenus dans plusieurs villes européennes, reflet des profondes divisions qui traversent la société turque. Des rixes ont éclaté le 2 mai autour d’un bureau de vote à Marseille (France), entre partisans et opposants au président Erdogan, faisant au moins quatre blessés. Lundi, la police néerlandaise a annoncé avoir dispersé une «énorme» bagarre ayant impliqué «300 personnes» dans un bureau de vote d’Amsterdam (Pays-Bas), au cours de laquelle au moins deux personnes ont été blessées.

Opposant visé par des pierres

La veille, le maire CHP d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, une des figures de l’opposition turque, avait été la cible de jets de pierres à Erzurum, dans le nord-est de la Turquie, suscitant des craintes sur la possible multiplication d’incidents à l’approche du double scrutin. Et Kemal Kiliçdaroglu a appelé à l’apaisement lundi soir: «Nous allons aux élections, pas à la guerre», a lancé le candidat de l’opposition sur la chaîne de télévision privée NTV.

Erdogan promet une hausse de salaires

Les sondages, interdits depuis le 4 mai, prédisent un scrutin serré, la plupart donnant Kemal Kiliçdaroglu en position de l’emporter au second tour. Décidé à conserver son pouvoir, le président Erdogan, qui a tenu un meeting, dimanche, à Istanbul, devant plusieurs centaines de milliers de partisans, a annoncé, mardi, une nouvelle hausse des salaires de 45% pour 700’000 salariés du secteur public turc, alors que l’inflation sur douze mois s’élève à près de 44%, selon les derniers chiffres pour avril.

(AFP)

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