Mystérieuse disparition : Le ministre chinois des Affaires étrangères relevé de ses fonctions

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Mystérieuse disparitionLe ministre chinois des Affaires étrangères relevé de ses fonctions

Qin Gang, qui n’a plus fait d’apparition publique depuis un mois, est remplacé par son prédécesseur Wang Yi, a indiqué l’agence de presse officielle Chine nouvelle.

En poste depuis fin décembre, Qin Gang n’a pas été aperçu depuis le 25 juin.

En poste depuis fin décembre, Qin Gang n’a pas été aperçu depuis le 25 juin.

AFP

Son absence depuis un mois reste inexpliquée: le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a été relevé de ses fonctions mardi, une décision surprise pour laquelle les autorités n’ont donné aucune justification.

Plus vu depuis le 25 juin 

Qin Gang, 57 ans et considéré comme un proche du président Xi Jinping, était en poste depuis seulement fin décembre. Sa dernière apparition publique remonte au 25 juin, date à laquelle il s’était notamment entretenu à Pékin avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Andreï Rudenko, selon les comptes-rendus de son ministère. Qin Gang a ainsi manqué plusieurs rendez-vous diplomatiques, dont une importante réunion de l’Association des Nations du Sud-Est asiatique (Asean) en Indonésie, début juillet.

Le ministère de tutelle de Qin Gang avait d’abord évoqué des «raisons de santé» pour justifier cette absence, avant de se murer dans un quasi-silence à son sujet. Le pouvoir a levé mardi certaines interrogations. «Qin Gang est relevé de ses fonctions de ministre des Affaires étrangères», a sobrement rapporté l’agence de presse officielle Chine nouvelle. L’agence, qui ne donne aucune raison, cite une décision du comité permanent de l’Assemblée nationale populaire.

Rumeurs et embarras

Qin Gang est remplacé à ce poste par son prédécesseur Wang Yi, qui est actuellement le véritable patron de la diplomatie chinoise, en tant que plus haut responsable des relations diplomatiques au sein du Parti communiste chinois (PCC). Actuellement en Afrique du Sud pour participer à une réunion du groupe des Brics, Wang Yi avait déjà occupé ces responsabilités de ministre de 2013 à 2022. Il remplissait par ailleurs déjà une partie des obligations de Qin Gang ces dernières semaines.

L’absence de Qin Gang a généré de nombreuses rumeurs sur les réseaux sociaux, dont celle d’une liaison adultère avec une présentatrice d’une chaîne de télévision de Hong Kong, rencontrée lorsqu’il était ambassadeur aux Etats-Unis (2021-2022). Les autorités avaient jusqu’à présent éludé les nombreuses questions sur le sort de Qin Gang. Encore interrogée mardi après-midi pour savoir qui était le ministre chinois des Affaires étrangères, une porte-parole, Mao Ning, avait affirmé en conférence de presse avoir «déjà répondu» à cette question, sans toutefois prononcer un nom.

Certains analystes appellent toutefois à ne pas tirer de conclusions hâtives. Qin Gang «conserve son poste plus élevé de conseiller d’Etat», souligne le politologue Neil Thomas, spécialiste de la Chine auprès du cercle de réflexion Asia Society. «Il n’est donc pas certain qu’il s’agisse d’une purge», écrit-il sur Twitter, rebaptisé «X».

«Problème de santé»? 

Le maintien du titre de conseiller d’Etat suggère qu’il ne «s’agit pas» d’une sanction mais d’un «problème de santé», subodore le chercheur Manoj Kewalramani, du cercle de réflexion Takshashila Institution, basé en Inde. Un motif qui aurait l’avantage d’épargner «l’image de Xi Jinping qui avait un peu forcé le protocole pour promouvoir Qin Gang», écrivait, avant l’annonce, l’analyste Bill Bishop dans sa lettre d’information spécialisée sur la Chine, Sinocism.

«L’ascension rapide de Qin Gang a pu susciter un certain ressentiment chez d’autres hauts responsables du ministère chinois des Affaires étrangères», indique à l’AFP le juriste Moritz Rudolf, spécialiste de la Chine à la faculté de droit de Yale (Etats-Unis). Le départ soudain du ministre des Affaires étrangères démontre que «le fonctionnement du PCC n’est peut-être pas aussi carré et stable qu’on pourrait le supposer», estime Moritz Rudolf.

(AFP)

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