Législatives françaisesLa Macronie est sonnée, la gauche confortée, l’extrême droite salue un «tsunami»
Pour la coalition présidentielle, le score est «très loin de ce que l’on espérait». Jean-Luc Mélenchon parle de «déroute pour Macron», tandis que Marine Le Pen savoure un score historique.
![Jean-Luc Mélenchon se retrouve désormais à la tête de la principale force d’opposition. Jean-Luc Mélenchon se retrouve désormais à la tête de la principale force d’opposition.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/3ee20152-0ff6-4058-a84f-0cce06cbd214.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=555450ba20b80a49cd7a346de3896876)
Jean-Luc Mélenchon se retrouve désormais à la tête de la principale force d’opposition.
AFPSonnés par la perte de la majorité absolue, les partisans d’Emmanuel Macron appelaient à «dépasser les clivages», dimanche, après le second tour des élections législatives, marqué par une «déroute totale» du camp présidentiel, aux yeux de Jean-Luc Mélenchon, le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen saluant, de son côté, un «tsunami» en sa faveur.
Le camp Macron arrive, certes, en tête, mais très loin de la majorité absolue et nombre de ses cadres – Richard Ferrand, Christophe Castaner – sont battus. La gauche réalise une forte percée et le RN un score historique. Le camp d’Emmanuel Macron a obtenu 245 sièges à l’issue des élections législatives dimanche, en dessous de la majorité absolue (289), suivie de la Nupes avec 135 sièges et du RN qui fait une percée historique en comptant 89 sièges, selon un décompte complet de l’AFP. LR gagne 61 sièges et son allié UDI trois, contre une centaine dans la précédente législature. Le taux d’abstention atteint 53,77%, selon le ministère de l’Intérieur.
«La main est tendue»
«Si ces résultats se confirment, c’est loin de ce que l’on espérait», a reconnu le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal. «Manifestement, les Français n’ont pas donné de majorité absolue, sans qu’ils n’en aient donné une à une autre formation politique. Ce qui se dessine est une situation inédite dans la vie politique et parlementaire, qui va nous imposer de dépasser nos certitudes, nos clivages.»
«Les Français n’ont pas donné de majorité absolue, sans qu’ils n’en aient donné une à une autre formation politique.»
Même tonalité chez la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire. «On composera avec tous ceux qui veulent faire avancer le pays, la main est tendue», a-t-elle assuré, exprimant par ailleurs «son inquiétude devant des extrêmes aussi hauts».
Premier à répondre à cette «main tendue», l’ancien ministre de droite de la formation Les Républicains (LR), Jean-François Copé. «Depuis des semaines, je répète qu’un pacte de gouvernement est vital entre Macron et LR, afin de lutter contre la montée des extrêmes.»
«Déroute totale»
De son côté, le meneur de l’alliance de gauche Nupes, Jean-Luc Mélenchon, a qualifié le score de la macronie de «déroute totale». «Aucune majorité ne se dégage», a jugé le leader Insoumis, qui a balayé les appels au dépassement lancés par la macronie: «Il n’y a aucun clivage à dépasser avec nous, parce que nous ne sommes pas du même monde, nous n’avons pas les mêmes valeurs.» «La retraite à 65 ans a sombré», a jugé le député Nupes Alexis Corbière, réélu dès dimanche dernier en Seine-Saint-Denis.
«Il n’y a aucun clivage à dépasser avec nous, parce que nous ne sommes pas du même monde.»
La gauche a également rapidement instruit le procès de la Macronie, tenue responsable de la percée du Rassemblement national. «La confusion sur le barrage républicain et la banalisation de l’extrême droite, entretenue par le chef de l’État lui-même, ainsi que par La République en marche (LREM, ndlr) ne pouvait pas rester sans conséquence… Pour le président, ce soir, c’est la défaite et le déshonneur», a jugé l’eurodéputé écologiste David Cormand.
«Une vague bleu marine»
Le Rassemblement national est en passe d’obtenir «de loin le groupe le plus nombreux de l’histoire de notre famille politique», a réagi, radieuse, la présidente du parti d’extrême droite, Marine Le Pen. «Nous incarnerons une opposition ferme, sans connivence, responsable, respectueuse des institutions, parce que notre seule boussole, c’est l’intérêt de la France et du peuple français», a prévenu la finaliste de la présidentielle, largement réélue dans le Pas-de-Calais.
«Nous incarnerons une opposition ferme, sans connivence, responsable, respectueuse des institutions, parce que notre seule boussole, c’est l’intérêt de la France.»
«C’est une vague bleu marine partout dans le pays. L’enseignement de ce soir, c’est que le peuple français a fait d’Emmanuel Macron un président minoritaire», s’est réjoui le président intérimaire du RN, Jordan Bardella.
La macronie pour une «majorité d’action»
«La situation est inédite. Jamais l’Assemblée nationale n’a connu une telle configuration sous la Ve République. Cette situation constitue un risque pour notre pays», a réagi la Première ministre Elisabeth Borne, élue de justesse dans le Calvados.
«Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d’action. Il n’y a pas d’alternative à ce rassemblement pour garantir à notre pays la stabilité et conduire les réformes nécessaires», a insisté Elisabeth Borne, alors que la coalition présidentielle échoue largement à s’assurer la majorité absolue.