Incendies à HawaïJoe Biden se rendra lundi sur l’archipel lourdement endeuillé
Critiqué par l’opposition pour sa réaction jugée timorée face au drame qui a fait 110 morts, le président américain, accompagné de son épouse, va se rendre à Hawaï le lundi 21 août.
Le bilan humain des incendies qui ont quasiment rasé une ville sur l’île de Maui s’élève désormais à 110 morts, ont annoncé mercredi les autorités de l’archipel américain d’Hawaï, qui mènent de laborieuses recherches et attendent une visite du président Joe Biden lundi prochain.
«Le décès de 110 personnes a été confirmé», a expliqué le gouverneur d’Hawaï Josh Green lors d’une conférence de presse, en annonçant la découverte de quatre cadavres supplémentaires. Ce bilan pourrait encore s’alourdir considérablement. Car une semaine après le drame, les secouristes et chiens renifleurs qui fouillent les décombres de Lahaina, ville historique de Maui, n’ont inspecté que 38% de la zone, selon les autorités. «Il s’agit d’une opération de recherches très difficile», a souligné Deanne Criswell, la patronne de l’agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (Fema).
Des médecins légistes équipés d’une morgue mobile sont arrivés en renfort mardi. Les équipes mobilisées incluent désormais des experts ayant travaillé sur les attentats du 11 septembre, des crashs d’avion ou des incendies monstres aux États-Unis. La tâche reste toutefois ardue pour localiser et identifier les cadavres dans Lahaina, qui comptait 12’000 habitants avant la catastrophe. La véritable ampleur du drame pourrait ne pas être connue avant plusieurs semaines.
Échantillons ADN
Le feu a été si intense dans l’ex-capitale du royaume d’Hawaï qu’il a fait fondre le métal: beaucoup d’habitations ont été réduites en cendres et les corps retrouvés sont souvent méconnaissables. Seule une poignée de corps ont pu être identifiés jusqu’ici. Les proches de personnes disparues sont encouragés à donner leur ADN pour faciliter l’identification des cadavres. Vu le nombre de touristes présents au moment de la catastrophe, cela représente là encore un défi considérable.
Les autorités vont «devoir mettre en place une sorte de système» permettant aux proches de vacanciers disparus de se rendre à leur «commissariat de police local», partout aux États-Unis pour fournir un échantillon ADN, a expliqué Adam Weintraub, un responsable de l’agence hawaïenne de gestion des crises.
Des centaines de personnes sont toujours portées disparues. Parmi elles, certaines sont progressivement localisées par leurs proches à mesure que les communications se rétablissent sur l’île, mais d’autres viendront inévitablement rejoindre les rangs des victimes de la tragédie.
Biden «déterminé»
Le président Joe Biden va se rendre lundi prochain sur l’archipel avec son épouse Jill, a annoncé mercredi la Maison Blanche. Le couple doit «rencontrer des équipes de secours, des survivants ainsi que des responsables officiels» le lundi 21 août, a annoncé sa porte-parole Karine Jean-Pierre mercredi dans un communiqué. «Je reste déterminé à m’assurer que les habitants d’Hawaï aient tout ce dont ils ont besoin pour se remettre de cette catastrophe», a écrit le président sur X (ex-Twitter).
Joe Biden avait rapidement déclaré l’état de catastrophe naturelle à Hawaï, ce qui a permis de déployer des moyens d’assistance d’urgence de l’État fédéral, et s’est entretenu plusieurs fois avec le gouverneur de l’État, Josh Green.
Mais il a été critiqué par l’opposition républicaine pour sa réponse jugée insuffisante voire indifférente face à ces incendies. S’il avait rapidement mentionné le désastre au début d’un discours jeudi dernier dans l’Utah, le président ne s’est pas exprimé publiquement quand le bilan s’est lourdement aggravé au cours du week-end.
Colère des habitants
À Hawaï, les autorités locales sont aussi sous le feu des critiques: les sirènes d’alerte utilisées en cas de tsunami n’ont pas retenti et les alertes à la télévision, radio et sur les portables ont été largement inutiles à cause des coupures de courant. Totalement pris de court, des dizaines d’habitants de Lahaina se sont jetés à la mer pour échapper aux flammes. Une enquête a été ouverte pour examiner la gestion de la crise et le sentiment d’abandon gronde chez certains locaux.
Le fournisseur d’électricité Hawaiian Electric est également visé par une plainte. Il est accusé de négligence et de ne pas avoir coupé dès le début des feux le courant, ce qui a pu augmenter le risque d’incendies à cause de la chute de nombreux poteaux électriques. «Ce qui s’est passé, à mon avis, frise la négligence», a confié à l’AFP Annelise Cochran, une trentenaire qui a dû se jeter à l’eau pour survivre.
Attisés par le passage d’un ouragan au large d’Hawaï, ces incendies sont survenus au milieu d’un été marqué par des événements extrêmes sur la planète, liés au réchauffement climatique selon les experts, dont des mégafeux de forêt au Canada.
Les autorités assument de ne pas avoir utilisé les sirènes d’alarme
Depuis une semaine, un procès en incompétence est fait aux autorités locales, notamment car les sirènes d’alarme n’ont pas retenti sur Maui. Mais cela ne relevait pas d’un oubli ou d’une négligence et a été publiquement assumé mercredi.
Les sirènes «sont utilisées principalement pour les tsunamis» et les habitants «sont entraînés à s’abriter en altitude» lorsqu’elles retentissent, a expliqué à la presse Herman Andaya, responsable de l’agence chargée de la gestions des crises à Hawaï (EMA) en assurant ne pas regretter de les avoir laissées muettes. Le feu brûlait sur les hauteurs de Lahaina et les autorités ont donc préféré s’en tenir aux alertes à la télévision, radio et sur les smartphones, de peur que les habitants foncent vers l’incendie, a-t-il résumé.