Sport automobilePeu de femmes sur la route du Rallye International du Valais
Une seule pilote est inscrite dans la liste «modernes» de la course valaisanne. Catherine Radulescu fait office d’exception dans un milieu très masculin. Mais pas fermé.
- par
- Rebecca Garcia
Dans le milieu du rallye, les pilotes féminines forment encore une minorité. La preuve: une seule participante figure dans la liste des 67 pilotes engagés dans la catégorie des voitures «modernes» du Rallye International du Valais (RIV). Il s’agit de la Roumaine Catherine Radulescu, aidée de son copilote Bogdan Minea. «Cette année il n’y a qu’un équipage. Parfois, il y en avait trois ou quatre», reconnaît Lionel Müller, vice-président du comité d’organisation du RIV, qui a commencé ce vendredi matin et se terminera samedi après-midi.
Mireille Vidueira Scheurer avait pris part à la course suisse en 2019. Elle avait rapidement pris goût à la conduite. «Quand j’avais 20 ans, je ne partais pas en vacances, mais j’économisais pour le karting.»
La pilote sacrée championne de France des rallyes au début du mois de septembre n’a pas d’explication précise sur la sous-représentation des femmes dans son sport. «Peut-être qu’elles sont moins intéressées de base, avance-t-elle. J’ai demandé à des petites filles si elles voulaient devenir pilotes, elles m’ont dit que non. Qu’elles voulaient être les copilotes de leur frère.»
Elle s’en amuse. Désintérêt ou prise de risques limitée? «J’ai l’impression qu’on a un instinct de survie un peu plus développé que les hommes», poursuit la Valaisanne, qui se fait parfois violence pour davantage conduire à l’instinct.
Maude Studer partage son avis. «Peut-être que les femmes réfléchissent un peu trop», suggère la pilote chaux-de-fonnière. Elle a déjà entendu plusieurs amies lui parler de leur envie de se lancer. Sans jamais oser franchir le pas. «Le fait que les pilotes féminines soient moins nombreuses peut engendrer une peur d’être ridicule. Alors qu’un homme sait qu’il sera un participant parmi d’autres et se fondra dans la masse.»
Un peu peinée, la Chaux-de-Fonnière suivra le Rallye International du Valais depuis le bord des routes plutôt qu’à l’intérieur d’une voiture cette année. Elle était d'ailleurs en route au moment de recevoir notre appel. «Je sais que ça va piquer», lâche-t-elle. Et pour cause, elle raffole de cette adrénaline. «Ce n’est pas qu’avoir un casque sur la tête. On est bercé par les sensations dans la voiture. On entend la voix de la copilote. Et puis les paysages valaisans avec ces couleurs automnales…»
L'équipage 100% féminin comme argument de vente
Le faible nombre de femmes dans les sports automobiles interpelle. La FIA a lancé un programme pour encourager les petites filles à prendre le volant, notamment en vue d’entrevoir un avenir en Formule 1. Dans le monde du rallye, l’arrivée des femmes est également vue comme une bonne chose. «Les portes leur sont ouvertes», appuie Lionel Müller, du FIV.
L’intérêt est aussi économique. «Cela ne m’aurait pas dérangé d’avoir un homme copilote, explique Mireille Vidueira Scheurer. Mais les médias et les sponsors aiment davantage lorsque l’équipage est composé de deux filles.»