Ski alpinSofia Goggia: «C’est juste ma main!»
L’Italienne, victorieuse ce samedi à Saint-Moritz après une opération la veille à un poignet, revient sur ces deux journées un peu folles.
- par
- Christian Maillard Saint-Moritz
La main légèrement enflée et en sang sous son bandage, Sofia Goggia gesticule sur son fauteuil lors de son interview d’après-course. L’Italienne de 30 ans vient de réussir un exploit incroyable. Celui de s’imposer dans une descente quelques heures après une opération à Milan au poignet gauche. Ou plutôt à deux métacarpiens fracturés après avoir percuté violemment le sol la veille lors de sa 2e place pour maintenir son équilibre.
«Avec une opération, je sais que je n’aurais pas pu skier aujourd’hui, sourit Michelle Gisin, 15e de cette 2e descente. Moi je ne serais pas capable de prendre autant de risques en bonne santé alors vous imaginez avec une main cassée! C’est très impressionnant.»
Qu’en pense «la» Goggia après cette «Goggiata»? La vice-championne olympique de descente a fait le tour les journalistes présents à Saint-Moritz pour leur raconter son bonheur et expliquer ce «film tragique» qu’elle a vécu, «comme à Hollywood», entre vendredi après-midi et samedi dans les Grisons.
«Merci à tous ceux qui m’ont permis d’être au départ ce matin!» a tout d’abord lâché l’Italienne avant d’enchaîner, juste après être montée sur la première marche du podium à la suite de sa 20e victoire en Coupe du monde (la 15e en descente), le gant scotché autour de son bâton.
Il s’agit de son troisième succès cette saison après son doublé réussi en descente à Lake Louise. Morceaux choisis de ses propos dans l’aire d’arrivée, au micro pour le public, à Eurosport et aux médias transalpins…
Sofia, quel exploit!
C’est juste ma main.
Mais vous avez tout de même pris des risques, même s’ils étaient calculés?
C’est vrai que c’était un peu risqué, mais je me suis dit après les Jeux olympiques de Pékin, je pourrais endurer n’importe quoi. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui.
Comment vous sentiez-vous ce samedi matin au réveil, quelques heures après votre opération?
Quand je me suis réveillée, j’étais contente car je ne sentais pas beaucoup de douleurs. Et vraiment heureuse quand j’ai reçu le feu vert de mon médecin que je pouvais y aller et courir. Même mes concurrentes étaient contentes de me revoir au départ. Cela m’a donné encore plus de punch.
Avec 43 centièmes d’avance sur Ilka Stuhec et 0’52 sur Kira Weidle, c’est une victoire haut la main…
Je n’ai pas eu la même marge que lors des descentes d’entraînement parce que je n’ai pas pu beaucoup pousser au départ. Mais une demi-seconde c’est déjà bien, et ça suffit! Même un centième de seconde aurait suffi! Je suis ravie de ce que j’ai fait.
Votre entourage a réalisé des miracles!
Je dois remercier tous ceux qui m’ont aidé hier, du Dr Andrea Panzeri à la clinique Madonnina qui a rappelé les chirurgiens aux chauffeurs mis à disposition par Armani, sponsor de la FISI. C’était une journée complètement folle, comme dans un film.
Franchement, pourquoi avoir pris ces risques?
Mon but était de courir pour garder le dossard rouge. Et quand j’ai franchi la ligne, je ne savais pas si je devais utiliser la main droite ou la gauche!
Serez-vous au départ du super-G ce dimanche?
Nous allons faire de la physio ce samedi après-midi et refaire tout le travail nécessaire pour être prête et on décidera ce dimanche matin avant le départ.