FranceL’ex-archevêque de Strasbourg reconnaît «des gestes déplacés»
Âgé de 81 ans, l’ancien archevêque de Strasbourg, Mgr Jean-Pierre Grallet, a reconnu avoir eu un comportement inadéquat envers une jeune femme, il y a une quarantaine d’années.
L’Eglise catholique doit une nouvelle fois faire face à une affaire de mœurs. Mgr Jean-Pierre Grallet, ancien archevêque de Strasbourg entre 2007 et 2017, a reconnu mercredi dans un communiqué avoir eu «des gestes déplacés» envers «une jeune femme majeure» dans les années 1980, signalés à la justice en début d’année. «Une enquête canonique est actuellement en cours et un signalement à la justice civile a été effectué», précise le prélat de 81 ans, dans un communiqué diffusé par la Conférence des évêques de France (CEF).
Dans ce communiqué, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF, explique que Mgr Grallet «est l’un des trois évêques hors fonctions» mentionnés lors de la conférence de presse du 8 novembre dernier «comme faisant l’objet d’enquêtes» l’une pénale et l’autre canonique. «Durant l’été 2022, j’ai appris la déposition de cette femme et je lui ai aussitôt écrit pour lui dire que j’avais failli et que je lui demandais pardon», poursuit Mgr Grallet.
Une «enquête pénale» est «en cours» pour «des faits de nature sexuelle» sur une jeune femme majeure dans les années 1980, a confirmé mercredi la procureure de la République, Yolande Renzi.
La victime a évoqué les faits en 2021
Ces faits remontent «à l’automne 1985, alors qu’il était prêtre», indique dans un communiqué séparé l’actuel archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, qui a succédé à Mgr Grallet, atteint par la limite d’âge, en février 2017.
Ils «ont été portés à ma connaissance par la personne victime en décembre 2021. J’ai procédé à un signalement auprès de la procureure de la République de Strasbourg en janvier 2022. Les autorités romaines ont, elles aussi, été saisies. Ces enquêtes sont en cours», poursuit Mgr Ravel. Sollicité par l’AFP, le parquet de Strasbourg n’a pas réagi dans l’immédiat.
«Démarche de vérité»
Mgr Grallet dit s’être «égaré» et avoir «blessé une personne. Le pardon que je lui ai demandé, je l’exprime aussi à tous ses proches, ainsi qu’à tous ceux qui, aujourd’hui, seront meurtris, sous le choc de cette révélation», explique l’archevêque émérite de Strasbourg, qui vit retiré au sanctuaire de Notre-Dame de Bonne-Fontaine, en Moselle.
«Je souhaite, par cette déclaration publique (…), contribuer à la démarche de vérité et assumer ma responsabilité», indique encore l’archevêque émérite de Strasbourg, «désormais dans l’attente des conclusions des enquêtes» et qui dit se mettre «en retrait de la parole publique».
«Au nom de l’ensemble des évêques de France, Mgr de Moulins-Beaufort tient à exprimer sa compassion à la personne qui a été victime» du comportement «grave» de Mgr Grallet, un «religieux par la suite devenu évêque. Il appartiendra à l’enquête de qualifier la nature exacte des faits», indique encore la CEF, dans le communiqué.
Onze anciens évêques
Mgr de Moulins-Beaufort a révélé le 8 novembre qu’au total onze anciens évêques avaient eu affaire à la justice civile ouà celle de l’Église pour des violences sexuelles ou de la «non-dénonciation», et révélé notamment une conduite «répréhensible» de l’ancien archevêque de Bordeaux, le cardinal Jean-Pierre Ricard.
«Il y a 35 ans, alors que j’étais curé, je me suis conduit de façon répréhensible avec une jeune fille de 14 ans. Mon comportement a nécessairement causé chez cette personne des conséquences graves et durables», a écrit le cardinal Ricard, sans donner plus de détails sur les faits dont il s’incrimine, alors qu’il était en poste à Marseille. Le parquet de Marseille, ainsi que le Vatican, ont ouvert chacun une enquête visant ce dernier.