FootballIl y a donc une recette pour battre Servette
En s’imposant 1-0 samedi, Winterthour a montré qu’il était possible de faire craquer les Grenat. Avec un bloc bas et des contre-attaques jouées à la perfection.
- par
- Valentin Schnorhk (Winterthour)
Cela fait quand même son petit effet. Le match à Yverdon du 11 février mis à part (revers 2-1, après l’expulsion de Crivelli à la demi-heure alors que Servette menait 0-1), Servette n’avait plus perdu en Super League depuis le 24 septembre. C’était à Lucerne et, déjà, les Grenat n’avaient pas marqué. Comme samedi donc, avec cette défaite 1-0 à Winterthour.
La remise en question n’a pas lieu d’être globale. Servette finira cette journée de championnat à la deuxième place, et Young Boys aura au maximum trois points d’avance. C’est forcément un peu rageant, parce qu’avant la trêve internationale, les Servettiens avaient été proches de passer devant, s’ils s’étaient imposés à Lucerne (2-2). Mais il reste neuf matchs à disputer, et bien des choses à analyser.
Reste qu’il y a une leçon de ce déplacement à Winterthour: il est possible de battre Servette à armes égales, à onze contre onze. Ce n’est pas anodin, parce que toutes les équipes qui s’y étaient essayées ces six derniers mois n’avaient pas trouvé la clé. «Il faut féliciter Winterthour, saluait Alexis Antunes. Ils ont très bien joué le coup, avec leur bloc bas où il était difficile de trouver des espaces et leurs contre-attaques.»
Moins de jeu vertical
C’est peut-être l’approche qui gêne le plus Servette. À savoir se replier quand les Grenat ont le ballon, et faire en sorte que leur jeu devienne le moins vertical possible. À la Schützenwiese samedi, les Genevois ont eu plus de 65% de possession, un chiffre qu’ils n’ont jamais en temps normal. Il est gonflé par une deuxième mi-temps où Winterthour a procédé uniquement par transitions, mais déjà la première période avait contraint Servette à devoir se soucier de penser ses attaques autrement que par un jeu rapide.
Le projet de Patrick Rahmen, l’entraîneur des Zurichois, aurait sans doute perdu en légitimité si Nishimura avait inscrit son penalty peu après la pause, mais il était assurément le bon pour faire déjouer ces Grenat. «Nous avons quand même eu des occasions, mais nous n’avons pas réussi à trouver la faille», regrettait Antunes. Reste qu’il faut signaler que, dans le jeu, jamais ces derniers temps Servette n’a semblé aussi dépourvu d’idées pour faire craquer un adversaire.
Les enchaînements autour de la surface avaient moins de fluidité samedi, les idées paraissaient moins affinées et la voie vers le but était tout le temps bouchée. Parce qu’avec trente-cinq ballons touchés dans la surface zurichoise, Servette parvenait à dominer. Mais pas à se mettre en bonne position, la tâche étant bien sûr compliquée par l’excellente défense basse de Winterthour et un abus de centres qui n’ont rien donné. «Il aurait peut-être fallu essayer de tirer plus, plutôt que de toujours essayer de trouver un espace en faisant des petites passes», suggérait René Weiler.
«Il fallait être prudent»
L’incapacité des Grenat à marquer est une chose, qui raconte la performance défensive des hôtes. Mais la défaite servettienne en est une autre, et c’est elle qui fait l’évènement. «À la mi-temps, nous avions dit que l’important est surtout de ne pas perdre, admettait Weiler. Si nous n’arrivions pas à marquer, il fallait être prudent, parce que Winterthour a déjà souvent gagné comme ça.»
Comme ça? Comprendre en résistant, et faisant basculer la rencontre sur une contre-attaque, comme ce fut le cas après ce corner servettien qui s’est poursuivi par une remontée de balle habile de Ltaief, une diagonale milimétrée pour Gantenbein et un ballon piqué de ce dernier pour terminer l’action. «C’est un jeu qu’ils ont plusieurs fois réussi à mettre en place, notamment parce qu’ils ont des joueurs décisifs en phase offensive», relevait Weiler.
Logique: pour battre Servette, il vaut mieux être très solide et, surtout, très bien armé devant. Winterthour a la solution et a montré aux dix autres équipes de Super League comment l’appliquer. Mais si Servette sait désormais comment être battu, il ne peut que progresser.