Commentaire: 33 millions de doses en Suisse, et moi, et moi, et moi…

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Commentaire33 millions de doses, et moi, et moi, et moi…

Avec la commande de tous ces vaccins, la population devrait se sentir en sécurité. Mais, en attendant un possible retour de la pandémie, ce gigantesque parapluie vaccinal interroge plus qu’il ne rassure.

Eric Felley
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Eric Felley
Un retour en force de l’épidémie Covid-19 au mois de septembre fait l’objet de toutes les craintes.

Un retour en force de l’épidémie Covid-19 au mois de septembre fait l’objet de toutes les craintes.

Getty Images/Westend61

33 millions de doses, et moi, et moi et moi, avec mon mal de tête et mon point au foie… L’achat de vaccins par la Suisse donne envie de pasticher la chanson de Jacques Dutronc: j’y pense et puis j’oublie… «C’est évident que le devoir de précaution prime, a déclaré Olivier Français au Conseil des États, le Conseil fédéral a raison de commander des doses de vaccin. Mais 33 millions pour fin 2022, c’est irréaliste».

Et pourtant, comme dit le dicton, le possible est déjà fait, l’impossible est en cours. À Berne, l’insouciance estivale est de mise, les groupes de touristes sont revenus, sauf les Chinois qu’on ne voit guère en ville. Cette session d’été des Chambres fédérales a renoué avec les us et coutumes parlementaires: sorties, apéritifs, soirées et autres convivialités. Cependant la menace plane: à l’automne, le Covid-19 pourrait revenir avec un nouveau variant. Ce que personne ne souhaite évidemment.

Quand la pandémie reviendra

L’OFSP et le Conseil fédéral ont donc prévu 33 millions de doses pour parer à cette éventualité. Pour une population de 8,6 millions d’habitants, c’est un immense parapluie de protection, qui déborde largement nos petites frontières. Ces commandes de vaccins sont réparties à coups de 7 millions entre différents fabricants, afin d’être certain d’avoir le bon produit au mois de septembre, si la pandémie revient.

Devant un tel luxe de précaution, on hésite entre l’admiration et la sidération. En réalité, depuis la fin janvier, le taux de vaccination n’a quasi plus bougé en Suisse autour des 70%. Les 30% de la population suisse réticentes à la vaccination ne vont pas changer d’avis. Pour les autres, il faudra voir. Beaucoup ont été touchés aussi par Omicron et se sentent immunisés. Un petit sondage dans son propre entourage montre assez vite qu’une nouvelle vaccination générale ne suscite guère d’enthousiasme.

Un nouveau variant dévastateur

Si la pandémie revient en septembre, il paraît en effet «irréaliste» que des millions de personnes se feront vacciner d’ici à la fin de l’année. Il faudrait que la population soit affectée par un nouveau variant dévastateur, qui créerait une panique générale et une ruée sur les vaccins pour une question de survie. C’est le scénario du pire et il n’est pas encore écrit. Le scénario le plus probable est celui d’un rebond de l’épidémie avec Omicron, durant l’hiver. Dans ce cas de figure, il ne faut pas s’attendre à rouvrir les centres de vaccination.

Le couteau par le manche

Dans la Berne fédérale, l’achat des vaccins reste entouré d’un certain mystère, notamment à cause de la confidentialité des contrats, que le Parlement n’a pas réussi à faire lever. Avec ces 33 millions de doses, on ne peut s’ôter de l’esprit que les fabricants tiennent le couteau par le manche et fixent les conditions de notre sécurité sanitaire à un prix très élevé. Trop élevé.

Mais pour Alain Berset, ce gigantesque parapluie vaccinal a pour objectif «de ne plus jamais se retrouver dans une situation comme celle que nous avons vécue en 2020 et 2021, avec ces incroyables restrictions de la vie sociale et économique». Cette perspective angoissante n’a donc pas de prix. On y pense, mais on n’oublie pas…

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