FootballOù finir sa carrière quand on a été un grand footballeur?
Cristiano Ronaldo a fait le choix de l’Arabie saoudite. Mais quelles sont les autres options pour les gloires du football sur le déclin?
- par
- Elias Baillif
C’est désormais officiel, Cristiano Ronaldo va finir sa carrière en Arabie saoudite. Comme CR7, bon nombre de grands joueurs sont sommés de choisir où finir leurs jours quand le crépuscule de leur football arrive. Voici donc un petit guide pour faire son choix en toute connaissance de cause.
Les USA: tendance mais très sélect
Dans les années 2010, quantité de vieilles gloires européennes sont parties aux États-Unis pour un dernier tour de piste: Pirlo, Lampard, Henry, Rooney, Beckham, Kaka, … Mais voilà, si la MLS continue sûrement de faire tourner les têtes de quelques cracks des grands championnats, l’inverse n’est plus si valable.
Au moment de choisir quel grand nom attirer, les franchises nord-américaines sont devenues de plus en plus pointilleuses. Les pré-retraités aux fiches mirobolantes n’ont plus vraiment la cote. Il faut dire que la MLS se débrouille très bien sans eux pour croître, tant la popularité du «soccer» est à la hausse de l’autre côté de l’Atlantique.
Aux génies en décrépitude, la MLS préfère désormais les talents maison, encore à développer. D’ailleurs, les bons résultats de la Team USA à la dernière Coupe du monde semblent confirmer le bien-fondé de cette politique. Et si le marché local ne permet pas de combler les déficiences de certains effectifs, alors là seulement, on se tourne alors vers l’étranger. Toutefois, les joueurs légendaires du Vieux-Continent ne partent pas en pole position. Ils ont tendance à se faire passer devant par des hommes aux noms moins éclatants mais aux printemps moins nombreux. Le fonctionnel prime sur le clinquant.
C’est ainsi qu’on a vu Insigne (31 ans), Riqui Puig (23 ans), ou Xherdan Shaqiri (31) débarquer en MLS récemment. Il y a bien sûr des exceptions dans le lot (on peut citer le cas de l’Inter Miami, qui entretient un kink pour les vétérans bardés de gallons), mais on observe un véritable changement de tendance dans le rapport des franchises américaines aux vieilles gloires.
L’Arabie saoudite: le nouvel eldorado
Comme les États-Unis il y a 10 ans, les championnats des pays du golfe ont besoin de têtes d’affiche pour en assurer la promotion autour du monde. Surtout quand le sport est pour ces pays-là un moyen tout trouvé de faire parler sur la scène internationale.
Et si l’on a beaucoup évoqué le cas du Qatar, de son soft power et de son sport washing avant (et un peu moins pendant) la dernière Coupe du monde, c’est à présent de l’Arabie saoudite dont on risque d’entendre parler à répétition. Car après avoir accueilli un Grand Prix de Formule 1, la Supercoupe d’Espagne ou encore des événements de catch américain, le pays aimerait faire parler de lui grâce au football.
Pour ce faire, quoi de mieux que de s’associer à Messi pour une campagne de promotion du tourisme, d’engager Cristiano Ronaldo comme ambassadeur pour les prochaines années, ou encore de faire venir plusieurs joueurs au CV plutôt garni?
En ce sens, le pays du prince MBS a accueilli ces dernières années des footballeurs de la trempe d’Ever Banega (Séville, Inter), Alvaro Gonzalez (Villarreal, OM), Luciano Vietto (Villarreal, Atlético de Madrid), Luiz Gustavo (Bayern, OM), Vincent Aboubakar (Porto) ou encore David Ospina (Arsenal, Napoli), pour ne citer qu’eux.
Point positif d’une signature en Saudi league, le salaire bien sûr, et certaines belles ambiances (de plus belles ambiances que dans le championnat qatari par exemple). Point négatif, le niveau de jeu dans beaucoup de clubs, si l’on excepte Al-Hilal et quelques viennent-ensuite. Al-Hilal, fief de la majorité des joueurs de la sélection nationale, est le grand dominateur du championnat ces dernières années et la figure de proue du football de la région en ligue des champions asiatique, avec deux titres sur les quatre dernières éditions.
L’Amérique du Sud: gare à la fausse bonne idée
D’aucuns pourraient être tentés par une sortie sous les vivas d’une foule argentine ou brésilienne. Attention, cela peut être piégeux. Côté argentin, les clubs souffrent de la chute perpétuelle de la valeur du peso. Et comme les joueurs étrangers ont pour habitude d’être payés en dollars, attirer de tels spécimens s’avère particulièrement compliqué.
D’autant plus qu’au contexte économique peu favorable, il faut rajouter une contrainte: les clubs argentins étant détenus par leurs socios, il n’existe pas d’actionnaire à même de renflouer les caisses à la fin de l’année… ou de payer de sa poche le salaire d’un joueur de renom venu d’Europe.
Chez le voisin brésilien, la donne est un peu différente: en règle générale, de l’argent, il y en a. Surtout à Palmeiras ou Flamengo. Flamengo, c’est par exemple là qu’Arturo Vidal a décidé d’y poser ses valises après 15 ans à écumer les formations les plus prestigieuses d’Europe. Des moyens et le meilleur niveau de jeu d’Amérique du Sud, finir sa carrière au Brésil, une idée aussi lumineuse que sous-cotée? Pas si vite…
Pour commencer, il n’y a qu’un seul joueur européen dans toute la Serie A brésilienne. Il s’agit d’Eder, passé par l’Inter, Empoli ou la Sampdoria. Et encore, il est né au Brésil… Le plus grand du football de la planète n’a pas l’habitude d’accueillir des joueurs venus d’Europe. Puis, jouer au Brésil, c’est fatalement pâtir de l’instabilité chronique dans laquelle vivent la majorité des clubs du pays, avec des changements d’entraîneurs à tire-larigot.
Le Mexique: Gignac en trompe-l’œil
Quid du Mexique alors? Le niveau de jeu de la Liga MX est le meilleur de la zone CONCACAF (même si l’écart avec la MLS tend à se resserrer), tandis que les salaires sont aussi beaux que le temps et le climat. Et puis la success story de Gignac avec les Tigres est sacrément inspirante après tout… Sauf qu’une fois de plus, attention à la fausse bonne idée.
Si le succès de Gignac a suscité quelques vocations – et encore, il y a peu de joueurs européens évoluant au Mexique à ce jour – , les aventures européennes n’ont pas toujours été couronnées de succès. Vincent Janssen à Monterrey et Florian Thauvin aux Tigres ne diront pas le contraire…
La Chine: plus à l’ordre du jour
Circulez, il n’y a plus rien à voir. Les recrutements à tour de bras de joueurs des grands championnats par des clubs chinois, c’est fini. Les robinets crachant de l’or sont rouillés, il n’y a plus d’argent pour le football en Chine.
La Turquie et la Grèce: les valeurs sûres
En Grèce et en Turquie, il semble y avoir de la place pour tout le monde! Il suffit par exemple de regarder l’effectif de Galatasaray: Icardi, Mata, Mertens, Gomis, Toreira, Seferovic, Oliveira, Dubois, … Ou de l’Olympiakos: Marcelo, James Rodriguez, Vrsaljko, Valbuena, Bakambu, … Un amoncellement de noms bien connus.
La Turquie et la Grèce sont deux pays où la ferveur pour le football est immense. Et en plus des ambiances survoltées, les joueurs peuvent s’attendre à des participations régulières aux compétitions européennes. Voilà pourquoi autant de joueurs ayant fait les beaux jours de clubs de premier plan décident de finir par une pige dans ces pays-là. On compte par exemple cinq joueurs suisses en Süper Lig turque aujourd’hui.
En revanche, attention aux impayés qui peuvent arriver sans prévenir, notamment dans les clubs turcs.
Revenir au pays: le choix romantique
Pour bien finir, le mieux est parfois de revenir où tout a commencé. Boucler la boucle, comme on dit. Encore faut-il pouvoir être accueilli par son premier club. Tout le monde ou presque aurait voulu voir Cristiano Ronaldo retourner au Sporting une fois son contrat résilié par Manchester United. Mais tout le monde ou presque savait que les Lisboètes n’avaient pas les moyens de faire revenir l’enfant prodige.
Il faut le dire, quand on a été un grand joueur, le retour au bercail est rarement intéressant financièrement. Raison de plus pour se réjouir d’avoir vu Luis Suarez porter à nouveau les couleurs de Nacional ou Arjen Robben celles de Groningen.