Seconde Guerre mondiale – Photos méconnues du procès de Nuremberg tirées de l’oubli

Publié

Seconde Guerre mondialePhotos méconnues du procès de Nuremberg tirées de l’oubli

Pour l’anniversaire de la fin du procès où furent jugés les dignitaires SS, le mémorial d’Izieu, en France, a restauré un album regroupant plus de 120 clichés pris en coulisses et lors des audiences.

Le musée-mémorial d’Izieu, dans l’est de la France, présentera ce vendredi une version ressurgie du passé et entièrement restaurée d’un album photographique du procès de Nuremberg, à l’occasion d’un colloque consacré aux audiences de l’historique tribunal militaire international.

Tiré de l’oubli et remis en état grâce à l’aide financière du consulat des États-Unis à Lyon, ce document historique est constitué de 121 photos prises dans les coulisses et lors des audiences du tribunal de Nuremberg, de novembre 1945 à octobre 1946.

Cet album, relié en cuir, avait été constitué par les organisateurs américains du procès et offert aux huit magistrats, qui ont composé la juridiction chargée de juger dans la ville bavaroise les plus hauts responsables nazis, dont le juge français Henri Donnedieu de Vabres.

Le livret, dédicacé par les sept autres juges américains, anglais et soviétiques, avait disparu des mémoires. Mais la famille Donnedieu de Vabres a retrouvé l’exemplaire français de l’album dans sa maison familiale des Cévennes (sud de la France).

On peut notamment y voir Hermann Goering se cacher le visage face aux photographes en salle d’audience, puis surpris au milieu d’un repas entre deux sessions aux côtés du successeur désigné d’Hitler, Karl Dönitz, et du «banquier» du Reich, Walther Funk.

Don pour la mémoire

La famille du magistrat a choisi de confier sa restauration au musée-mémorial d’Izieu, commune située non loin des Alpes, sis dans l’ultime refuge de 44 enfants juifs et de leurs six éducateurs, raflés et déportés en avril 1944 sur ordre de la Gestapo de Lyon, commandée alors par Klaus Barbie.

«Ce don prend un sens profond à Izieu. Le télex de Klaus Barbie revendiquant la rafle des enfants d’Izieu avait été produit au procès de Nuremberg par Edgar Faure. Cette preuve irréfutable du crime contre l’humanité s’est ensuite appliquée au procès Barbie, à Lyon en 1987», explique Dominique Vidaud, directeur du musée-mémorial.

Ce don s’accompagne du versement des archives personnelles d’Henri Donnedieu de Vabres, dont dix-huit volumes des comptes rendus officiels du procès de Nuremberg.

«La résurgence de l’album de Nuremberg et le versement de ces archives ouvrent de nouvelles perspectives pour la recherche universitaire, ce qui renforce la vocation du mémorial d’Izieu de permettre un travail contemporain et vivant sur la mémoire», explique encore Dominique Vidaud.

Lors du colloque de vendredi, organisé à l’occasion des 75 ans de la fin du procès, des historiens vont retracer les parcours des magistrats Henri Donnedieu de Vabres, Robert Falco et Delphin Debenest, membres de la délégation française.

Chercheurs et avocats internationaux vont aussi revenir sur la complexe genèse de la juridiction internationale lors de ces débats qui seront diffusés en direct sur le site Internet du mémorial (www.memorializieu.eu).

( )

Ton opinion