Hockey sur glaceDaniel Vukovic: «C’est comme si on m’installait un bar à la maison»
Le «Vuko Bar» sera inauguré samedi aux Vernets en présence de l’ex-défenseur de GE Servette. L’intéressé s’attend à beaucoup de joie, d’honneur… et de bière!
- par
- Simon Meier
Genève-Servette a eu la bonne idée de baptiser les buvettes des Vernets aux noms d’anciens joueurs. En attendant Philippe Bozon, Goran Bezina ou Jonathan Mercier par exemple, c’est Daniel Vukovic qui inaugurera ce samedi le «Vuko Bar», avant la rencontre de National League contre Berne. L’ex-défenseur au numéro 55, qui avait porté le maillot grenat durant onze saisons (2008-2019), se dit «très honoré». Et il se réjouit de boire «autant de bières [qu’il] pourra» en compagnie de supporters qui lui réservent toujours une place particulière dans leur cœur.
Daniel, qu’éprouvez-vous à l’idée d’avoir un bar à votre nom aux Vernets? Une petite soif ou plus que ça?
C’est quand même avant tout un grand honneur. Quand les gens de Genève-Servette m’ont appelé au mois de juillet ou au mois d’août pour me communiquer leur idée et me demander ce que j’en pensais, j’ai ressenti quelque chose de spécial. C’est un grand honneur, un privilège, c’est comme si on m’installait un bar à la maison. Avec ma femme et les enfants, nous vivons désormais à Saint-Saphorin-sur-Morges (ndlr: dans le canton de Vaud), mais Genève reste chez moi, et les Vernets en particulier. Je suis d’autant plus flatté que, même si j’ai toujours tout donné pour ce club, je n’étais de loin pas l’un des joueurs les plus spectaculaires.
Non, mais vous ne lâchiez rien sur la glace et vous étiez toujours prêt à vous bagarrer pour défendre les couleurs… D’où la situation de votre buvette du côté du parterre Nord, non?
Certains auraient peut-être préféré être dans le secteur VIP (il rigole). Mais moi je suis ravi d’avoir mon bar là-bas, vers ce parterre Nord où se trouvent les supporters les plus fervents. J’ai toujours eu un lien spécial avec eux.
Vous le joueur de l’ombre, vous vous retrouvez du côté du peuple: ça colle bien, d’un point de vue philosophique…
Oui, c’est parfaitement juste que cette buvette se retrouve là plutôt que dans le secteur VIP. Cette tribune, c’est le cœur de la patinoire. Et moi j’ai toujours tout donné pour ce club, mon coeur et le reste. J’ai la même mentalité que les supporters, dans le sens où j’ai toujours estimé que le club était plus important que moi. Le hockey a toujours représenté quelque chose de très spécial dans ma carrière, mais les gens que j’y ai rencontrés sont encore plus importants à mes yeux.
Entre l’impossibilité de refuser les bières qu’on voudra vous payer et l’impossibilité de les boire toutes, comment allez-vous gérer la situation, ce samedi aux Vernets?
(Il rigole). Honnêtement, je ne sais pas, ça va être compliqué. J’ai gardé beaucoup d’amis parmi les IG (ndlr: Irréductibles Grenat, le principal groupe de fans) et les autres supporters. Je serai avec ma femme, mon fils aîné et quelques amis. Je vais essayer d’apprécier le plus de verres possible, j’en boirai autant que je pourrai, mais dans l’idée de rester raisonnable.
À propos de buvette et de raison, pouvez-vous nous parler de votre plus grande cuite, lors de ces onze saisons avec Genève-Servette?
(Silence). C’est dur d’en sortir une en particulier… Durant mes premières années, on a eu pas mal de bonnes soirées avec les gars, je crois qu’on peut le dire, 15 ans après. Lors de certains voyages notamment, à l’occasion d’un tournoi à Amsterdam et Rotterdam, ou à Prague en Champions League, il y avait eu de jolies fêtes. Mais la plus belle, disons que je ne m’en souviens probablement pas. Justement parce que c’était la plus belle.
Le 27 avril dernier, soir où Genève-Servette est devenu champion de Suisse, vous étiez là. Et on vous a vu pleurer comme un gamin. Pouvez-vous nous raconter ces larmes?
J’avais déjà ressenti beaucoup d’émotions la première fois où j’étais revenu aux Vernets sous le maillot de Rapperswil et que les supporters m’avaient rappelé à la fin du match (ndlr: le 19 novembre 2019). Mais là, je revenais et c’était le soir du titre. Revoir tous mes amis de l’équipe, voir la passion des fans enfin récompensée… J’ai grandi avec pas mal de ces gars et ce trophée de champion, j’aurais tellement voulu le fêter avec l’équipe, pour la ville, surtout après le crève-cœur que nous avions vécu lors du septième match contre Berne (ndlr: lors de la finale en 2010). Le fait de me retrouver là, sur la glace au milieu de tout ça, m’a procuré tellement d’émotions que j’en ai pleuré. C’est difficile à expliquer, c’était de la pure émotion.
Et ce samedi soir, après X bières et à l’évocation de tel ou tel souvenir, allez-vous pleurer?
(Il rit). Je suis un gars qui fonctionne beaucoup à l’émotionnel, donc je ne peux jurer de rien. Mais je ne pense pas. Je me réjouis de vivre ce moment avec ma femme et mon fils de 8 ans. Des fois, il dit qu’il ne me croit pas quand je lui raconte que j’ai évolué en National League, au plus haut niveau. Ce sera l’occasion de partager ça avec lui aussi et ensuite, nous regarderons ce match contre Berne. Je m’attends à une soirée spéciale, avec beaucoup de joie et d’honneur.