TourismeFace à la pénurie de logements à louer, New York cible Airbnb
Une loi interdit aux propriétaires de louer des meublés pour moins d’un mois et les amendes pourront monter jusqu’à 7500 dollars. Pour les New-Yorkais, se loger normalement est devenu inabordable.
Si vous tentez de louer un appartement pour quelques jours de tourisme à Brooklyn ou à Manhattan, vous serez surpris du peu d’offres sur Airbnb ou sur la plateforme VRBO. La municipalité de New York a mis en place, cette semaine, une loi qui interdit aux propriétaires de louer des dizaines de milliers de meublés touristiques pour une période inférieure à 30 jours.
La nouvelle législation – plus stricte que celle de Paris où, depuis 2021, seules les résidences principales peuvent être louées librement 120 jours par an maximum – autorise un propriétaire à louer une pièce de son appartement, à condition qu’il soit chez lui durant tout le séjour. En outre, les locataires touristiques ne peuvent pas être plus de deux et leur chambre doit rester accessible. Chaque propriétaire-bailleur de courte durée doit s’enregistrer auprès de la mairie et lui verser une taxe de 145 dollars tous les deux ans.
Mais ces permis de louer n’ont été accordés pour l’instant qu’à 10% à peine des candidats. Les amendes pour location illégale sont déjà prévues entre 1000 et 7500 dollars, mais elles ne frapperont que les propriétaires.
Pour le retour de baux d’un an et plus
Même si, officiellement, la municipalité de gauche entend lutter contre toutes les nuisances engendrées dans les quartiers par des locations de courte durée, l’objectif est d’encourager un retour de logements sur le marché des baux d’un an et plus et de faire, peut-être, baisser un peu les prix.
Ce qui fait dire à Marianne LeNabat, une New-Yorkaise de 44 ans, que la décision de la mairie «est probablement nécessaire. Se loger est complètement inabordable à New York et retirer du marché des milliers et des milliers de logements, pour des locations de très courte durée, est évidemment un problème».
Pour Airbnb, le message est «Touristes, vous n’êtes pas les bienvenus»
Des bailleurs new-yorkais et Airbnb avaient exprimé leur mécontentement depuis longtemps. Pour la plateforme basée à San Francisco et son directeur de la stratégie mondiale, Theo Yedinski, «la ville de New York envoie un message très clair aux millions de visiteurs potentiels, qui vont avoir moins de choix: «Vous n’êtes pas les bienvenus»».
Quant aux petits propriétaires, qui possèdent un ou deux logements, l’interdiction des locations de courte durée «va mettre en péril la capacité de rembourser leurs prêts immobiliers, provoquant une crise supplémentaire sur le marché du logement, et les mettant financièrement et personnellement en danger», selon leur association, Rhoar.
Un «gros coup» à l’économie locale?
New York, réputée être «la ville qui ne dort jamais», s’est relevée de la pandémie de Covid-19 après avoir accueilli, en 2019, plus de 66 millions de touristes, qui avaient généré plus de 47 milliards de dollars de chiffre d’affaires et fait travailler 283’000 personnes.
Dans un rapport qu’Airbnb lui a commandé, un professeur de l’Université de Boston, Michael Salinger, écrit que la nouvelle législation municipale n’est pas «justifiée sur le plan économique» et qu’elle va au contraire porter «un gros coup» à l’économie locale, sans régler la pénurie de logements à New York.
Légendaire crise du logement
New York compte 8,5 millions d’habitants – sans compter les grandes banlieues résidentielles – et la crise du logement y est légendaire. A Manhattan, un appartement – du studio au quatre-pièces – se louait, en juillet, au prix mensuel moyen de 5588 dollars (+9,3% sur un an) et dans l’arrondissement de Brooklyn, plus à la mode, le loyer moyen a atteint 4347 dollars (+11,9% sur un an), selon le cabinet immobilier Douglas Elliman.