FootballNaples a l’occasion de poser une main sur le Scudetto
Le leader, jusque-là incontesté, de Série A reçoit la Juventus, son principal contradicteur, ce vendredi au stade Maradona. Avec la possibilité de creuser un écart sans doute décisif.
- par
- André Boschetti
Le choc au sommet du championnat d’Italie aura pour cadre le stade Maradona, à Naples. Ce vendredi (20h45), l’issue du duel entre le SSC Napoli et la Juventus vaudra en fait beaucoup plus que les trois points en jeu. Probablement même une bonne partie d’un titre de champion d’Italie que les premiers rêvent de remporter depuis bientôt 33 ans et le dernier des deux sacres (1987 et 1990) de l’ère Diego Maradona. Un objectif que partage une équipe turinoise qui semble enfin sortir la tête de l’eau après ses deux dernières saisons blanches qui ont mis un terme à une interminable hégémonie nationale longue de neuf années (de 2012 à 2020).
Une affiche clinquante qui apparaissait pourtant bien improbable l’été dernier. Soucieux d’équilibrer le bilan de son club, le président napolitain, et producteur cinématographique à succès, Aurelio De Laurentiis avait suscité la colère de ses supporters en ne proposant pas de nouveau contrat à l’international italien Lorenzo Insigne, l’idole locale, et au Belge Dries Mertens, le meilleur buteur de l’histoire du club, puis en cédant le Sénégalais Kalidou Koulibaly, son pilier défensif, à Chelsea. Un groupe a priori affaibli sur le papier mais implacable sur le terrain puisqu’il réussit un impressionnant parcours presque sans tache depuis le début de la saison.
Invaincu en championnat jusqu’au 4 janvier dernier et une courte défaite (0-1) à San Siro contre l’Inter, Naples compte déjà sept points d’avance sur ses deux premiers poursuivants, la Juventus et l’AC Milan, un champion en titre qui semble, lui, en grande difficulté depuis la reprise. Une domination sur le plan national que la troupe de Luciano Spaletti a su brillamment prolonger en Europe puisque les Napolitains ont remporté leur poule de Ligue des champions devant Liverpool.
Sur la base de ce qu’il propose depuis six mois, Naples devrait réussir à confirmer, ce vendredi, qu’il est bel et bien actuellement la meilleure équipe d’Italie et prendre une option, sans doute décisive, sur le troisième Scudetto de son histoire. Mais le conditionnel reste toutefois de mise avant ce duel contre une Juventus qui revient de nulle part après une première partie de championnat catastrophique ponctuée par l’une des pires campagnes européennes de ces cinquante dernières années (cinq défaites pour une seule victoire en phase de poule de Ligue des champions).
Huit victoires de suite
Mais, comme on le sait trop bien en Italie, il ne faut jamais enterrer la Juventus avant que les mathématiques ne la condamnent. Sans jeu ni âme et handicapée de surcroît par d’innombrables et longues absences en raison d’une cascade de blessures – celles de Pogba, Vlahovic, Di Maria et Chiesa pour ne citer que les principales – cette Juve version Massimiliano Allegri a su trouver au fond d’elle-même la capacité de rebondir au moment où nombre de ses ennemis allaient lui donner une trop précoce extrême onction. Sans vraiment convaincre, et encore moins séduire, les Turinois viennent en effet d’aligner huit victoires consécutives. Sans de surcroît encaisser le moindre but! Et cela même si, entretemps, les hautes sphères du club ont vécu une vraie révolution avec la démission fracassante du président Andrea Agnelli et de tout son conseil d’administration suite aux très sérieux problèmes que connaît le club avec les autorités italiennes et l’UEFA en raison d’opérations financières douteuses à différents niveaux.
Un retour en force dans un contexte particulièrement compliqué qui a fait dire à Luciano Spaletti, juste après une dernière victoire à Gênes contre la Sampdoria, que «la Juve reste l’une des meilleures équipes d’Italie mais ce duel ne sera en aucun cas décisif». Ou comment l’entraîneur napolitain tente d’enlever un peu de pression à ses joueurs avant un choc dont l’issue aura assurément d’importantes répercussions, tant comptables que, surtout, mentales. Il faut en effet faire preuve de beaucoup d’imagination pour envisager les Napolitains, avec cet avantage de dix longueurs à mi-parcours que leur procurerait un nouveau succès vendredi, s’écrouler en deuxième partie de saison. Comme il serait compliqué pour eux de ne pas céder à la panique si leurs adversaires devaient revenir à quatre petits points seulement après un revers dans leur stade fétiche.
Le retour des cadres
D’autant plus que la Juventus n’aura plus, contrairement à Naples, Milan et l’Inter, à supporter l’inévitable stress que génère la phase à élimination directe de la Ligue des champions. Sans oublier qu’Allegri s’apprête à récupérer Paul Pogba et Dusan Vlahovic ces prochaines semaines après avoir récemment pu profiter des retours de Di Maria et surtout de Federico Chiesa.
Une opposition de style
Cette opposition entre les deux monstres actuels du Calcio sera aussi celle de deux styles très différents. Face au jeu bien construit, offensif et souvent spectaculaire que proposent les Napolitains, on retrouvera le pragmatisme, le calcul et la culture du seul résultat que recherche la Juve version Allegri. De quoi envisager un vrai et passionnant combat à la fois technique, physique et tactique entre deux équipes aux philosophies opposées que dirigent deux entraîneurs toscans qui ne passeront vraisemblablement jamais leurs vacances ensemble.