FootballComment Lugano a fait main basse sur la Coupe de Suisse
Focus sur l’adversaire de Servette le 2 juin prochain. Les Bianconeri disputeront leur troisième finale consécutive.
- par
- Valentin Schnorhk
En Coupe de Suisse, il n’y a pas de règle, pas de droit d’entrée. Le statut hérité de la Super League ne garantit rien. Les moyens financiers ne sont même pas forcément un prérequis. Ce sont parfois les circonstances et le tirage qui dessinent un parcours. Mais il y a maintenant cette constance: on ne dispute plus une finale sans Lugano. Et sans Mattia Croci-Torti.
Cela fait moins de trois ans que le Tessinois de 42 ans est à la tête de la formation bianconera. Il n’a perdu qu’un seul match de Coupe: la finale de l’an dernier contre Young Boys. Il l’avait remportée en 2022 contre Saint-Gall et il sera donc là le 2 juin prochain contre Servette.
«Cela me procure beaucoup d’émotions, disait le technicien après la qualification de samedi à Sion (0-2). Cela fait trois ans que je suis entraîneur, j’ai fait trois finales. Être dans l’histoire de ce club me fait beaucoup de plaisir. Mais c’est surtout l’énième démonstration que mes joueurs savent jouer ces matches, savent sortir les tripes dans ce genre de rencontres.» Et, de fait, Lugano sera un très gros morceau pour les Genevois en finale. D’ailleurs, samedi, Croci-Torti disait préférer affronter une équipe joueuse comme Servette plutôt que Winterthour. Le voilà servi.
Imperturbables mentalement
Qu’est-ce qui fait le secret de ce Lugano? Le mental, forcément. On ne gagne pas tant de matches couperets sans une forme d’expérience. Même si leur effectif a un peu bougé avec les années, il y a une base (Sabbattini, Bottani, Celar, Saipi, Valenzuela…) qui est là depuis le début, qui a connu les trois épopées. C’est sur cet aspect mental que Croci-Torti a beaucoup insisté après le match: «La recette contre Sion était de savoir ce qui pouvait arriver et de ne jamais être en panique.» Gérer les temps faibles, en somme.
Mais cela serait réducteur. Même si Lugano n’a pas réalisé son meilleur match de la saison à Tourbillon, il y a surtout une équipe qui sait à quoi elle veut jouer. Bien loin du Lugano réactif et défensif de Maurizio Jacobacci (entraîneur entre 2019 et 2021), par exemple. Tactiquement, dans l’organisation avec ballon, dans la fluidité des actions, difficile de trouver mieux en Suisse que le Lugano de 2024. La progression est constante depuis trois ans.
Elle profite aussi d’un club qui peut compter sur son propriétaire américain Joe Mansueto, qui détient également le Chicago Fire. Ousmane Doumbia a fait un aller-retour vers l’Illinois sur la dernière année. Il est redevenu un des hommes forts de la formation tessinoise, par exemple.
Un recrutement ciblé
Mais le recrutement est aussi très suisse, avec un directeur sportif (Carlos Da Silva, ancien joueur de GC, Schaffhouse et Lugano) qui a ses réseaux. L’homme est par exemple un modèle pour aller dénicher de très bons joueurs de Challenge League et en faire des éléments très compétitifs dans l’élite. Le gardien Amir Saipi, le milieu devenu international Uran Bislimi, le défenseur valaisan Kreshnik Hajrizi en sont devenus des pavillons témoins.
Aussi, Lugano a appris à valoriser des espoirs, à l’instar d’Albian Hajdari, pas encore 21 ans, Yanis Cimignani (22 ans), Lukas Mai (24 ans) ou Ignacio Aliseda (24 ans). Le trading est forcément un aspect qui compte pour Lugano. Cela témoigne du développement de ce club, devenu une adresse un peu plus recommandable ces dernières années. Les recrutements de Renato Steffen ou Zan Celar, joueurs de valeur, le témoignent.
Le 2 juin, au Wankdorf, il y aura assurément des yeux de recruteurs qui se baladeront dans les travées de l’enceinte bernoise. Ils regarderont les Bianconeri. Et sans doute que certains directeurs sportifs auront un regard vers leur entraîneur. Trois finales en trois ans, ça ne peut plus être un hasard.