Commentaire: que de méchancetés pour une si jolie affiche

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CommentaireQue de méchancetés pour une si jolie affiche

À Genève, le visuel qui annonce le 1er août a provoqué une énième polémique.

Eric Felley
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Eric Felley
Une affiche réalisée par l’illustratrice valaisanne Emmanuelle Houdart, qui vit aujourd’hui à Paris.

Une affiche réalisée par l’illustratrice valaisanne Emmanuelle Houdart, qui vit aujourd’hui à Paris.

Ville de Genève

C’est une polémique tellement symptomatique de notre époque. L’affiche qui annonce la manifestation du 1er août à Genève fait grincer des dents parmi des personnalités de droite au PLR, au MCG ou chez l’ex-candidat Luc Barthassat. C’est une «honte» ou «un scandale», ou les deux à la fois. Divers médias ont relayé cette semaine ces attaques contre ce visuel 2023, choisi par la ville présidée par un maire écologiste, Alfonso Gomez.

Premier reproche, le drapeau suisse apparaît en beaucoup trop petit, tenu par un renard assis sur une tortue. Mais pour ses contempteurs, ce n’est pas un renard, c’est un cochon! Bref. Second reproche, c’est l’impression d’ensemble qui n’a rien de suisse, qui serait même anti-suisse. Le personnage principal, une femme au visage asiatique, tient un lampion aux couleurs de l’arc-en-ciel. Sur son bras est écrit «My Planet» à côté d’un cœur ailé. Sur la chevelure de la femme on trouve beaucoup de fleurs, des papillons, insectes et oiseaux.

«En plus, c’est laid»

Avec la tortue devant, tout ce petit monde s’en va à la fête nationale au parc La Grange, où se trouve «un village écologique». De quoi s’étrangler de rage! Pour un internaute: «C’est un monstre écolo qui sort du bois». «En plus, c’est laid», surenchérit un autre.

Peut-être que cet univers bucolique, (et familier de son auteur, la Valaisanne Emmanuelle Houdart), aurait mieux convenu à un festival folk en plein air dans les années 70. Mais c’est une image qui convient aussi à la fête nationale aujourd’hui. Cette affiche ne contient strictement rien d’offensant, elle vend du rêve et de la fantaisie. Elle fait référence à des contes pour enfant, à des histoires merveilleuses. Mais elle pose bien sûr la question: quel 1er août fêtons-nous en 2023? La réponse est dans le cœur de chacun. Nationaliste ou universel… Militaire ou pacifique… Yodle ou salsa… Cervelas ou houmous… Fier ou féerique!

Du conflit pour le conflit.

Cette polémique autour d’un visuel aussi inoffensif en dit long sur la capacité de notre époque à créer du conflit pour le conflit. Certes, le contexte politico-médiatique favorise les combats de tranchée. Mais dans l’ensemble, c’est une régression toujours plus marquée de l’art de vivre ensemble et de la tolérance vis-à-vis de l’art tout court.

Quant aux Genevois, population si cosmopolite, il reste à leur souhaiter un moment convivial loin de la hargne des réseaux sociaux.

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