Football: A NE Xamax, l’époque de la chute libre

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FootballÀ NE Xamax, l’époque de la chute libre

La période est rude pour les fans neuchâtelois. La 15e défaite de la saison vendredi à Yverdon (2-0) envoie quasiment les Rouge et Noir en barrage pour ne pas quitter le monde professionnel.

Florian Vaney
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Florian Vaney
NE Xamax aura bien des peines à s’éviter un barrage face à une équipe de Promotion League.

NE Xamax aura bien des peines à s’éviter un barrage face à une équipe de Promotion League.

Pascal Muller/freshfocus

Voir NE Xamax mettre les pieds au Stade municipal d’Yverdon, c’est éventuellement faire rejaillir un souvenir: celui des deux matches de Coupe de Suisse qui s’y sont disputés à la fin de la dernière décennie. Du même coup, c’est être replongé dans la hiérarchie de cette époque pas si lointaine. D’un côté le chien fou nord-vaudois des divisions semi-pros, qui bousculait, courait partout, comblait l’écart de divisions à l’énergie. De l’autre côté, le taulier xamaxien placé dans ses petits souliers, mais toujours capable à la fin de faire respecter son statut. Respectivement quatre et cinq ans plus tard (Xamax l’avait emporté 1-0 en 2018, 2-1 en 2019), il faut se rendre compte du caractère prémonitoire de ces rencontres. On assistait aux prémices d’un basculement. Et personne, alors, n’aurait pu l’imaginer prendre de telles proportions. 

Parce que vendredi, Yverdon Sport n’a pas seulement battu Neuchâtel (2-0). Il n’a pas seulement obtenu une vengeance sur ses amers revers passés qui n’a de toute façon plus vraiment de valeur à l’heure où les deux rivaux s’affrontent quatre fois par année. YS a simplement fait respecter la hiérarchie. Aujourd’hui, il est le plus fort des deux, avec une certaine marge. Il peut se permettre de ne pas étouffer son adversaire sur toute la durée d’un match, il peut se permettre d’attendre patiemment que son buteur attitré (Koro Kone) retrouve la confiance, il peut même s’offrir le luxe de rater un penalty et de se passer d’un de ses éléments les plus importants (Anthony Sauthier, suspendu): il est au-dessus. Plus puissant financièrement, beaucoup mieux construit, nourri d’une confiance en lui éclaboussante.

Fracture entre boss et fans

Yverdon Sport est un leader. Xamax? Un cancre, bientôt promis à la place de barragiste pour sauver sa peau dans le monde professionnel. Évoquer la situation préoccupante du club ne serait qu’un jalon de plus sur le chemin désastreux qu’il se trace depuis sa descente de Super League. On en a déjà parlé ici, ou ici. Dans les colonnes d’Arcinfo, le propriétaire Jean-François Collet a assuré qu’une relégation en Promotion League n’aurait pas raison de son engagement pour le club. De quoi faire cauchemarder certains des plus fervents supporters, avec qui la fracture est définitive.

Depuis le début de l’année, les épisodes d’un mal-être se succèdent. La «Tribune Neuch’» s’est d’abord lancée dans un boycott de plusieurs matches. Puis a rédigé cette lettre, listant les reproches, demandant réparation, espérant la «construction d’une équipe sur le long terme, l’investissement dans des joueurs cadres plutôt que sur des jeunes à potentiel de revente, et des explications quant aux choix et au projet du club». Il y a ensuite eu ces affiches, placardées en ville, où l’on voit Jean-François Collet associé à un kidnappeur, celui du club. Et enfin ces scènes, qui dépassent définitivement les frontières du raisonnable, où le boss de Xamax aurait été intimidé par des fans devant sa voiture après une défaite à la Maladière.

Le ras-le-bol des ultras xamaxiens.

Le ras-le-bol des ultras xamaxiens.

Pascal Muller/freshfocus

Si malaise il y a, c’est parce que Neuchâtel se meurt. Rongé par la frustration du souvenir d’une époque où tout allait bien, tout allait mieux. Animé par une stratégie et un projet qui ne fonctionnent pas. En Challenge League, aucun club n’a convoqué plus de joueurs que NE Xamax depuis le début de la saison. Comme un symbole d’un mur mal bâti qu’on tente de rafistoler d’une façon ou d’une autre. Il y a deux ans et demi, les Rouge et Noir s’imaginaient encore dans le costume d’une équipe de Super League coincée en deuxième division. Avant de se sauver lors de la dernière journée. Aujourd’hui, il ressemble de plus en plus à une formation de Promotion League à qui l’on offre une dernière chance dans le monde du football professionnel. Mais quelle marge de manœuvre lui reste-t-il, à part celle de s’en remettre à des joueurs qui ne connaissent de Xamax bientôt plus que la galère?

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